Encore invisible sur les cartes actuelles, la ville de Sansha City est l’une des plus vastes de Chine et paradoxalement, l’une des moins peuplées. Cette cité se situant en mer de Chine est très importante d’un point de vue stratégique pour le pays.
Une ville pour le contrôle en mer de Chine
Qui a déjà entendu parler de Sansha City ? Pas grand monde. Et pourtant, celle-ci est d’une importance cruciale pour la Chine, comme l’expliquait Bloomberg dans un article du 19 février 2021. Couvrant près de 2 millions de km² – soit 20 fois Paris, cette ville est l’une des plus vastes de Chine. Toutefois, elle est aussi l’une des plus désertes avec seulement 1 800 habitants. Sansha City se trouve sur l’archipel des îles Xisha rattaché à la province de Hainan, et plus connu comme étant les îles Paracels. L’archipel se compose 130 îles et îlots coralliens dont un seul est habité : l’île Yongxing (Woody Island). Pour une meilleure gestion de cet archipel, Sansha City avait établi deux districts (ou préfectures) selon le quotidien chinois Global Times en avril 2020. Sansha City est une ville ex nihilo, c’est-à-dire sortie de terre (ou plutôt de mer) à partir de rien.
Aujourd’hui, île Yongxing (10 km²) accueille de nombreuses infrastructures : une base militaire, un port et des installations de dessalement et de traitement des eaux usées. Citons également la présence d’un hôpital, d’une succursale bancaire, de magasins, de logements sociaux et d’écoles. L’île compte aussi un système judiciaire fonctionnel, une couverture 5G et une liaison par les airs à la Chine continentale grâce à une piste de 2 700 mètres de longueur.
Une souveraineté à marche forcée
Depuis des années, l’armée chinoise effectue de gigantesques travaux d’aménagement au niveau des îles Paracels. Or, les 2 millions de km² que couvrent les deux districts sont des eaux contestées. En effet, le Vietnam revendique l’archipel et sur le plan diplomatique, la souveraineté « chinoise » n’a jamais été tranchée : la République populaire de Chine (RPC) n’est pas davantage propriétaire (officiellement) de ces îles que la République de Chine (Taïwan). En réalité, l’expansion de la Sansha City est un moyen de gouverner directement les zones contestées en mer de Chine méridionale.
Ceci vaut également pour les îles Spratleys (îles Nansha) un autre archipel situé plus au sud dont la contestation est encore plus vive. Le Vietnam, Taïwan, les Philippines, la Malaisie et le Sultanat de Brunei revendiquent leur souveraineté. Comme pour les îles Paracels, la Chine effectue depuis des années d’importants travaux ayant nécessité le transport de quantités faramineuses de terre. De simples récifs, sont nés de véritables îles et surtout, d’importantes forteresses. Et pourtant, la Chine évoquait au début des travaux la construction de simples stations d’observation climatiques et autres postes de secours.
Différents chercheurs en géopolitique estiment que la Chine veut renforcer sa position en vertu du droit international. Le pays veut montrer la présence d’une administration réelle et des habitants actifs de manière permanente. Sansha City est l’exemple de ce que pourraient devenir la plupart des îles de mer de Chine méridionale. Outre leur position géostratégique dans une zone où se trouvent également des bases militaires étasuniennes (notamment aux Philippines), la Zone Économique Exclusive (ZEE) de ces îles est très intéressante. Celle-ci renferme en effet d’importantes ressources naturelles halieutiques (poissons) et géologiques (pétrole, gaz).