Crédits : 中国新闻社 / Wikipedia

Quel est ce satellite mystérieux que la Chine vient de lancer dans l’espace ?

Il y a peu, la Chine a procédé à deux lancements orbitaux quelques heures, dont celui d’un satellite mystérieux. Officiellement, l’engin devrait servir à la prévention des catastrophes et la recherche scientifique. Cependant, l’Occident pense que ce satellite a fait l’objet d’un déploiement à des fins de reconnaissance militaire.

Un satellite chinois placé en orbite moyenne

Le 9 septembre 2025, une fusée Longue Marche 7A a décollé depuis le centre spatial de Wenchang se trouvant sur l’île de Hainan, dans le sud-ouest la Chine. L’engin transportait un seul passager, à savoir le satellite Yaogan-45, de la Shanghai Academy of Spaceflight Technology (SAST), filiale de l’entreprise d’état China Aerospace Science and Technology Corporation (CASC). Comme l’indique SpaceNews dans un article paru le jour du lancement, le satellite Yaogan-45 devrait principalement faire l’objet d’une utilisation pour des expériences scientifiques, des études sur les ressources terrestres et des actions de prévention et de secours en cas de catastrophe.

Selon la CASC, il s’agissait de la première fois que la fusée Longue Marche 7A était utilisée pour une mission de lancement en orbite moyenne (Medium Earth Orbit – MEO), à une altitude comprise entre 2 000 et 35 786 kilomètres. Il est également question d’une amélioration de l’adaptabilité de la fusée, notamment grâce à un transport de charge utile à hauteur de 8 000 kg, contre 7 000 kg auparavant.

Quelques heures avant le lancement du Yaogan-45, une fusée Jielong-3 (Smart Dragon-3) a décollé depuis la province du Shandong afin de lancer 11 satellites de la constellation Geesatcom pour le compte du constructeur automobile Geely. Or, l’un des engins a pour mission d’effectuer un test de navigation dans le cadre du développement d’un positionnement haute précision centimétrique, pour la conduite assistée par navigation.

fusée Longue Marche 7A
Crédits : 中国新闻社 / Wikipedia

Des éléments assez douteux

Le fait est que depuis ses débuts, la série de satellites Yaogan est considérée par l’Occident comme étant une façade civile pour la reconnaissance militaire, comme le rappelle un article du Sustainability Times. Il faut dire que le Yaogan-45 vient de rejoindre Yaogan-41, un autre satellite en place depuis 2023 et opérant sur une orbite plus haute que d’habitude. En effet, les autres satellites de la série évoluent généralement sur des orbites terrestres basses (ou héliosynchrones), entre 160 et 2 000 km d’altitude. Or, avec un positionnement plus haut, un tel engin élargit sa zone de couverture et augmente son temps de survol, malgré une baisse de la précision des images.

De plus, soulignons le fait que la fusée Longue Marche 7A sert habituellement à placer des satellites en orbite de transfert géostationnaire, c’est à dire sur une trajectoire elliptique lui permettant d’atteindre l’orbite géostationnaire à 35 786 km d’altitude. Autrement dit, ce type de fusée lance généralement des engins de communication (ou de météo) et non des satellites de reconnaissance en Medium Earth Orbit, comme c’est le cas avec le Yaogan-45.

La modification de la capacité de charge utile, le moyen de lancement et l’orbite choisi sont des éléments assez douteux, laissant penser à des usages militaires. Pour les observateurs, qualifier Taogan-45 de simple satellite espion n’est pas pertinent, au même titre que considérer ce dernier comme étant un engin à usage purement civil. Dans l’immédiat, il n’y a pas à s’inquiéter outre mesure de ce lancement, puisque l’Europe et les États-Unis ont également des satellites militaires. En revanche, le manque de transparence de la Chine interroge quant à ses intentions réelles.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.