Au Québec, ils ont vaincu la pollution lumineuse et créé la première réserve mondiale de ciel étoilé

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En une dizaine d’années, la population de la région du Parc National du Mont-Mégantic (Québec) a réussi à baisser la pollution lumineuse de 30%. Ce type de pollution empêchait les scientifiques d’observer le ciel et depuis cette conséquente diminution, le site est devenu la première « réserve internationale de ciel étoilé ».

Et s’il fallait protéger le ciel comme on protège l’environnement et les espèces animales ? L’Observatoire astronomique du Mont-Mégantic (1100m d’altitude) avait en 2003 prévenu la population locale de cette pollution lumineuse brouillant l’observation du ciel. Le site, installé à 250 km à l’est de Montréal, est prisé des différentes universités de la province francophone qui y envoient régulièrement leurs étudiants.

Depuis les années 1980, les scientifiques ont noté la « disparition » de constellations telles que celles du Capricorne ou du Scorpion, qui ont désormais fait leur retour dans le ciel québécois. La population semble fière d’avoir redonné son obscurité au site en chassant 30% de la pollution lumineuse, ayant permis au Mont-Mégantic de devenir la première « réserve internationale de ciel étoilé » au monde en 2007.

Ce titre, décerné par l’International Dark-Sky Association (IDA), est visé en France par le Parc National des Cévennes, situé entre les villes d’Alès (Gard) et de Mende (Lozère), qui fait actuellement les efforts pour remplir les conditions d’éligibilité.

Sur le Mont-Mégantic, les habitants ont chassé une partie de la pollution lumineuse entre 2003 et 2013. Cependant, au sommet de la montagne, il n’était pas évident de repérer la menace pour l’observation du ciel. Bernard Malenfant, 61 ans, n’est autre que le « réparateur du télescope » depuis son installation en 1978. L’homme est le premier témoin de la dégradation du ciel dès les années 1990 :

« Quand nous avons commencé à utiliser des plaques photo infrarouges pour l’observation, nous avons réalisé que nous perdions de la lumière dans l’univers. »

Du fait de cette pollution lumineuse, l’observatoire du Mont-Mégantic avait perdu de sa superbe, mais malgré sa petite taille, il devait garder une place internationale. En effet, le site sert de lieu de formation et de plateforme de test pour les nouveaux outils du spectre infrarouge. Le ciel pollué n’est en revanche pas la propriété des chercheurs et ces derniers ont donc tenté de convaincre la population de réduire cette luminosité malheureusement « éblouissante ».

Pierre Goulet, à la tête de l’Astrolab (structure d’éducation populaire de l’observatoire), avait alors eu l’idée d’éditer un plan à destination du grand public :

« L’argument central était la protection de l’observatoire, mais nous avons vite élargi le propos. Les craintes portaient surtout sur la sécurité, nous avons donc pointé du doigt les lumières qui aveuglent, pour montrer qu’éclairer moins, c’est aussi éclairer mieux » explique l’intéressé.

Cependant, les chercheurs ont été dans l’obligation de corréler la réduction de la pollution lumineuse et les économies d’énergies afin d’arriver à leurs fins : « ce qui fait bouger les gens, c’est le portefeuille » indique Pierre Goulet.

Un financement du projet de conversion lumineuse a également été obtenu, soutenu entre autres par les ministères, les collectivités territoriales, la société Hydro Québec ainsi que les Caisses Populaires du Québec. De plus, il fallait communiquer sur le fait que plus les éclairages particuliers étaient proches de l’observatoire, plus la pollution était intense et la prise en charge des frais plus importante, en conséquence, par le projet.

Voici le spectacle qu’offre le ciel de la région après réduction de la pollution lumineuse. Il s’agit bien sûr d’une photo réalisée avec une prise longue :

Sources : We DemainEnvironnement Magazine

Crédit photos : Astrolab