Que se passerait-il si les requins disparaissaient des océans ?

Crédits : Pixabay

Les requins, présents depuis 400 millions d’années, sont un formidable exemple de réussite évolutive. Ils ont résisté à de nombreuses extinctions massives. Mais victimes de l’Homme, ils ont aujourd’hui beaucoup de mal à suivre. Se pose alors la question suivante : que se passerait-il si ces créatures disparaissaient des océans ?

Un acteur de l’écosystème sous-marin

Comme le souligne Jenny Bortoluzzi, du département de zoologie du Trinity College de Dublin en Irlande, ces créatures sont donc d’une importance vitale pour la bonne santé de l’environnement marin. Vous les retrouvez en haute mer, dans les habitats de mangrove peu profonds, les récifs coralliens tropicaux, et même dans les eaux glaciales de l’Arctique. Bref, partout ou presque. Alors forcément, l’absence de ces incroyables prédateurs, petits ou gros, se ferait tout de suite ressentir. Tout d’abord sur de nombreuses populations de poissons, dont ils raffolent. En éliminant les proies les plus faibles, les requins veillent en effet au bon maintien des effectifs (compatibles avec les ressources de leur habitat). Ces poissons se nourrissant du plancton générateur d’oxygène, les requins participent donc également à la bonne régulation de la production de l’élément dans l’océan.

Notez également que leur simple présence permet par ailleurs de repousser d’autres prédateurs. À l’instar des requins-tigres (Galeocerdo cuvier) évoluant dans les prairies d’algues marines, qui effraient les tortues. Évitant ainsi le surpâturage de la végétation. La présence des requins est également très importante dans les récifs coralliens. « Si les requins disparaissent, les populations de petits poissons exploseraient », explique Toby Daly-Engel, du Shark Conservation Lab. S’ensuivrait une réaction en chaîne. Les micro-organismes consommés par les poissons viendraient ensuite à manquer, entraînant leur mort. Les algues et les bactéries investiraient ensuite les récifs, entraînant la mort des coraux.

requins
Un requin-tigre. Crédits : Wikipédia

Il est également à souligner que certaines espèces de requins, comme le requin gris de récif (Carcharhinus amblyrhynchos), nourrissent d’autres organismes en laissant derrière eux des excréments riches en azote. Certaines espèces sont également chassées par des prédatrices plus dangereuses encore : les orques. Plusieurs études ont en effet révélé que les cétacés raffolent du foie des requins, qu’ils extraient avec une précision chirurgicale. Les orques sont d’ailleurs tellement craintes par les requins que ces derniers désertent littéralement leurs aires de fréquentation dès que l’une d’entre elles débarque dans les parages.

Les requins en grand danger

La disparition de ces créatures postées tout en haut ou presque de la chaîne alimentaire serait donc véritablement catastrophique pour le monde océanique. Malheureusement, on estime aujourd’hui que 25 % de toutes les espèces de requins sont actuellement menacées de disparition. La plupart sont victimes de la surpêche. Rappelons qu’environ 100 millions de poissons sont abattus chaque année pour satisfaire le marché asiatique (ailerons et huile de foie, principalement). Le problème, c’est que les requins font peu de bébés, et sont très lents à mûrir. C’est pourquoi ils n’arrivent pas à compenser les pertes dues aux activités humaines.

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