En analysant des résidus de protéines conservés dans des chaudrons de cuisine anciens, des chercheurs ont pu déterminer ce que mangeaient les habitants du Caucase pendant la période Maykop (3 700-2 900 avant notre ère).
Des protéines conservées dans des chaudrons anciens
Les restes d’animaux trouvés sur des sites archéologiques peuvent révéler quelles espèces animales étaient chassées ou élevées par les populations anciennes. Les isotopes présents dans les dents peuvent notamment donner des informations sur le régime alimentaire des individus et des groupes, indiquant s’ils consommaient principalement des protéines végétales ou animales. Les dommages sur les os, tels que les coupes ou les marques de boucherie, peuvent quant à eux indiquer comment les animaux ont été traités et consommés.
Moins souvent, mais peut-être encore plus révélateurs, les résidus organiques, tels que les protéines et les graisses, peuvent être conservés dans les poteries anciennes. Si tel est le cas, les chercheurs peuvent les analyser pour déterminer quels types de produits alimentaires étaient consommés et préparés dans ces récipients, ce qui nous ramène à ces travaux.
Dans le cadre d’une étude, des chercheurs ont en effet analysé huit échantillons de résidus provenant de sept chaudrons anciens. Ces derniers ont été récupérés dans des lieux de sépulture de la région du Caucase (du sud-ouest de la Russie à la Turquie). Nous devons cette conservation à la composition de ces chaudrons en alliages métalliques qui ont des propriétés antimicrobiennes contrairement la céramique et la pierre.
« Nous avions déjà établi que les gens à l’époque buvaient très probablement une bière soupe, mais nous ne savions pas ce qui était inclus dans le menu principal« , a déclaré Viktor Trifonov, de l’Institut d’histoire de la culture matérielle (Académie russe des sciences) dans un communiqué.
Quoi de prévu au menu ?
Les chercheurs expliquent avoir pu récupérer plusieurs types de protéines. L’une d’elles, la protéine de choc thermique bêta-1, montre que ces habitants de l’âge de bronze consommaient des tissus de cerfs ou de bovins. Il aurait pu s’agir de vaches, de yacks ou de buffles d’eau. Des protéines de lait de brebis ou de chèvre suggèrent par ailleurs que les chaudrons étaient également utilisés pour préparer des produits laitiers.
La datation au radiocarbone, qui se fonde sur la désintégration radioactive de l’isotope du carbone 14 naturellement présent dans l’atmosphère terrestre qui se trouve dans les tissus organiques anciens, suggère que ces chaudrons auraient pu être utilisés entre 3 520 et 3 350 avant notre ère. Des signes de réparation importante suggèrent aussi qu’ils étaient précieux. Il est d’ailleurs probable que ces chaudrons n’aient été réservés qu’à une certaine élite, tant leur valeur était importante. Les chercheurs font notamment la comparaison avec les casseroles Le Creuset ou Mauviel d’aujourd’hui.
À l’avenir, les chercheurs aimeraient explorer les différences et les similitudes entre un plus large éventail de types de contenants. Cela pourrait aider à déterminer la manière dont la préparation des aliments différait d’une région à l’autre à cette époque.
