Déclinée en plusieurs types, la sensation de déjà-vu commune à tous les humains ne s’explique aujourd’hui pas encore pleinement de manière scientifique. Toutefois, il existe bien quelques pistes qui concernent logiquement le cerveau.
À l’origine : un dysfonctionnement cérébral
La sensation de déjà-vu est l’impression de revivre une situation passée ou une discussion par exemple à l’instant présent. Ce phénomène concerne plutôt les jeunes et se produit généralement en fin de journée, un moment propice à la fatigue. À l’exception du cas rare d’un jeune homme qui l’a vécu de manière extrême pendant des années, cela ne dure généralement pas plus de trente secondes et se produit sporadiquement. Par ailleurs, l’expression remonte à 1876, dans l’ouvrage L’Avenir des sciences psychiques du philosophe français Émile Boirac (1851-1917). De plus, le sentiment se décline en plusieurs nuances, par exemple le déjà vécu, le déjà senti ou encore le déjà visité.
Il faut savoir qu’aujourd’hui, la science n’a pas encore découvert la raison de ces sensations et plusieurs hypothèses existent pour l’expliquer. Toutefois, l’idée la plus est qu’il s’agirait d’une erreur de perception du cerveau que celui-ci tente de corriger rapidement. Cette hypothèse découle de plusieurs expériences passées consistant à envoyer de petits chocs électriques dans le cerveau de patients afin de reproduire le déjà-vu artificiellement.
Pour les scientifiques, il est quasiment certain que la sensation de déjà-vu trouve sa raison dans un dysfonctionnement cérébral. Ainsi, certains types de personnes seraient plus susceptibles de les ressentir. C’est le cas des personnes schizophrènes, épileptiques ou encore souffrant de la maladie d’Alzheimer.
Une raison encore indéterminée
En 1888, le neurologue britannique John Hughlings Jackson est un des premiers scientifiques à s’intéresser au sujet. L’homme décrivait chez des patients épileptiques des moments d’état onirique (ou de rêverie) durant lesquels ils revivaient des scènes du passé. Néanmoins, étudier l’activité cérébrale afin d’apporter des preuves était impossible à la fin du dix-neuvième siècle. Il a donc fallu attendre les recherches du neuroscientifique canadien Wilder Penfield qui a réussi à mener plusieurs expériences entre 1930 et 1960. Il a à l’époque stimulé le cerveau de patients éveillés qui subissaient une ouverture du crâne (craniotomie) afin de reproduire le déjà-vu.
Depuis, d’autres expériences ont permis d’identifier les zones du cerveau concernées par le phénomène, à savoir le cortex entorhinal, l’hippocampe et l’amygdale. Ensemble, ces zones jouent un rôle crucial dans la construction de la mémoire, le stockage de la mémoire, la reconnaissance des objets, la navigation, la perception du temps, les émotions et les souvenirs. Cependant, si la science a permis d’identifier les zones concernées, la raison du phénomène reste pour l’heure indéterminée.
La principale hypothèse est un manque de coordination entre les zones concernées, notamment une brève désynchronisation de l’hippocampe et du cortex entorhinal. Se produit ensuite un léger flottement. Les parties concernées récupèrent alors les souvenirs en y ajoutant un sentiment de familiarité. En revanche, si ce sentiment de familiarité se produit en l’absence de récupération des souvenirs, le déjà-vu se produit, l’inverse étant également possible : le jamais-vu. D’autres hypothèses existent, notamment d’ordre neurologique avec un possible retard dans la transmission d’informations entre les deux hémisphères du cerveau.