Que deviendrait un corps humain abandonné dans le vide de l’espace ?

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Dans l’espace, la décomposition de la matière obéit à des règles radicalement différentes de celles que nous observons sur Terre. Un corps humain laissé dans le vide spatial se décomposerait donc d’une façon différente.

Vers une décomposition beaucoup plus lente

Dans un article publié le 6 novembre 2024, le magazine Discover a interrogé Jack Gabit, professeur associé de physique à l’Université Creighton d’Omaha (États-Unis). L’objet de cet entretien était d’expliquer l’avenir d’un corps humain en décomposition dans l’espace sans combinaison. Tout d’abord, il faut savoir que l’absence d’oxygène fait que les processus naturels de décomposition changent radicalement. Habituellement, un corps qui se décompose nécessite la présence de bactéries. Or, elles sont abondantes et se multiplient dans l’organisme dès lors que le corps cesse de battre.

Dans l’espace, les bactéries qui se trouvent naturellement dans notre corps pourraient en théorie actionner un processus de décomposition. Si tel est le cas, leur action serait toutefois fortement ralentie du fait de l’absence d’oxygène. Sur Terre, des conditions moyennes en termes de température, d’humidité ou encore la présence d’insectes font en sorte qu’un corps sans vie se décompose en quelques semaines, voire quelques mois. Cependant, d’autres conditions comme un climat très froid et/ou très sec peuvent grandement allonger le laps de temps. On observe par ailleurs la même chose dans le cas où le cadavre se trouve profondément enfoui dans le sol.

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Crédits : Pexels

Orbite basse vs confins de l’espace

Au-delà de la décomposition habituelle telle que nous l’observons sur Terre, tout dépend de l’endroit de l’espace dans lequel se trouve le corps. S’il se situe en orbite basse (à l’altitude de l’ISS), il sera soumis à des frictions dévastatrices. À cette altitude, le corps subira en effet d’incessantes collisions avec des molécules d’air résiduelles à une vitesse de près de 29 000 km/h. On observera donc une désintégration graduelle des tissus, un processus qui s’amplifiera au fur et à mesure que l’atmosphère de la Terre se rapproche. Plus denses, les couches de l’atmosphère agiraient ensuite comme une sorte de fournaise qui transformera la dépouille en une trainée incandescente avant sa disparition totale.

Si le corps est abandonné dans les confins de l’espace, la situation change toutefois considérablement. En effet, le vide absolu limite énormément les interactions moléculaires. Ainsi, trois forces entrent en scène : le rayonnement solaire, le vent solaire et les potentiels impacts de micrométéorites. En revanche, les effets s’amenuisent au fur et à mesure que le corps s’éloigne du Soleil. La décomposition peut alors devenir extrêmement lente, la dépouille pouvant se conserver en théorie pendant des millénaires. Le vide spatial aurait alors un effet similaire à la momification naturelle, évidemment sans bandages ni embaumement.

Consultez l’entrevue détaillée ici.