Quatre personnes sur dix dans le monde croient en la sorcellerie

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Crédit : 0fjd125gk87/pixabay

Un ensemble de données nouvellement compilées permet de se rendre compte de la place que prennent les croyances autour de la sorcellerie dans le monde entier et d’enquêter sur les facteurs clés qui leur sont associés. On se rend ainsi compte que ces croyances varient selon les pays et en fonction des statuts socio-économiques. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue PLOS One.

La sorcellerie désigne à proprement parler l’art d’interroger le sort (hasard, destin). Toutefois, de manière plus générale, le terme fait plutôt référence à la pratique d’une certaine forme de magie dans laquelle des « sorciers » et « sorcières » travaillent avec des forces surnaturelles pour modifier le cours de l’existence ou infliger des dommages.

De nombreuses études menées par le passé ont documenté les différentes croyances autour de la sorcellerie. En effet, les comprendre peut être important pour l’élaboration de politiques et autres efforts d’engagement communautaire. Cependant, jusqu’à présent, les analyses statistiques à l’échelle mondiale des croyances en sorcellerie faisaient défaut en raison d’un manque de données, d’où l’intérêt de ces nouveaux travaux.

Pour cette étude, des chercheurs ont utilisé un vaste ensemble de données collectées entre 2008 et 2017 par le Pew Research Center (un centre de recherche américain spécialisé dans les statistiques). « Croyez-vous au mauvais Å“il ?« , « Certaines personnes peuvent-elles lancer des malédictions ou des sorts à d’autres personnes dans le but de leur nuire ? » Au total, plus de 140 000 personnes issues de 95 pays répartis sur tous les continents ont répondu à une série de questions de ce genre liées au fait de croire en la sorcellerie.

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Procès de sorcière à Salem, Massachusetts. Lithographie de George H. Walker. Crédit : Bettmann

4 personnes sur 10

D’après l’étude, plus de 40% des participants à l’enquête auraient déclaré croire à ces différentes formes de magie. Toutefois, ces croyances ne sont pas uniformément réparties dans le monde. Par exemple, quand neuf personnes sur dix en Tunisie pensent que certaines personnes sont capables de jeter des sort à d’autres personnes dans le but de leur faire du mal, seuls 10% des Suédois y croient.

Par ailleurs, les femmes, les citadins et les jeunes seraient les plus susceptibles de croire en ces pouvoirs surnaturels. À l’inverse, les personnes ayant fait le plus d’études, avec plus de sécurité financière et évoluant dans un ménage plus petit semblaient les moins enclines à croire en ces formes de sorcellerie. Néanmoins, les différences en fonction du seul statut socio-économique ne sont pas flagrantes. Par exemple, les personnes ayant une « très bonne » situation économique n’étaient que 6% à 7% moins susceptibles de croire à la sorcellerie que les personnes ayant une « très mauvaise » situation économique.

Enfin, les personnes les plus religieuses avaient tendance à croire que certains humains possédaient des pouvoirs surnaturels. Ceci n’est pas réellement une surprise dans la mesure où la notion de « malédiction » est présente dans la plupart des grandes religions du monde, y compris le christianisme, le judaïsme, l’islam et l’hindouisme. « Globalement, les croyances religieuses et de sorcellerie, toutes deux centrées sur le rôle clé des pouvoirs surnaturels dans la vie, vont de pair« , ont écrit les chercheurs dans l’étude.

Notez cependant une limite importante de l’étude : elle n’a interrogé personne en Inde ou en Chine. Or, ces deux pays abritent environ 2,8 milliards de personnes.