Quand un plongeur tombe sur un poulpe géant de l’Atlantique

Haliphron atlanticus poulpe géant de l'Atlantique
Le poulpe géant Haliphron atlanticus a été repérée dans les eaux peu profondes au large de Tongue Point, dans l'État de Washington, le 8 septembre. Crédits : Eric Askilsrud

Un plongeur a capturé plusieurs photos d’un énorme poulpe de près d’un mètre de long dans les eaux peu profondes le long de la côte de l’État de Washington. Ce céphalopode rarement observé, qui passe la majeure partie de sa vie dans les profondeurs marines, présentait des blessures suggérant qu’il pourrait avoir été récemment attaqué par un requin.

Une rencontre rare

Le photographe sous-marin Eric Askilsrud a pris ces photos le 8 septembre alors qu’il plongeait à Tongue Point, dans la mer des Salish, près de la frontière canadienne. Alors qu’il explorait un champ de varech (les fameuses algues brunes qui s’échouent sur les plages), il est tombé sur un énorme poulpe à environ trois mètres de profondeur. Le céphalopode d’apparence inhabituelle mesurait environ 0,9 m de long.

Le plongeur, qui n’avait aucune idée de l’espèce dont il s’agissait, a ensuite envoyé ses photos à Gregory Jensen, biologiste marin à l’Université de Washington. Ce dernier a finalement identifié la créature comme un poulpe géant de l’Atlantique (Haliphron atlanticus). Il s’agit de l’une des espèces de poulpes les plus massives au monde. Les spécimens adultes peuvent en effet atteindre une longueur totale allant jusqu’à quatre mètres (tentacules compris), pour un poids d’environ cinquante kilos sur la balance.

Ces animaux sont munis d’une tête massive et de tentacules longs et puissants, tandis que leur couleur peut varier, allant du rouge au brun. Ils sont également capables de changer de teinte pour se camoufler dans leur environnement.

Notez que, bien que son nom suggère qu’il se trouve principalement dans l’Atlantique, ce poulpe géant est en réalité présent dans les océans du monde entier, généralement en eaux profondes (entre 500 et 2 500 mètres sous la surface de l’eau). C’est pourquoi il est rarement observé et reste largement méconnu, notamment en ce qui concerne les détails de sa reproduction.

Grâce à des véhicules télécommandés (ROV) ou à des spécimens échoués sur le rivage, nous savons toutefois qu’ils se nourrissent principalement de méduses, mais aussi parfois de poissons, de petits calmars et autres céphalopodes.

Haliphron atlanticus poulpe géant de l'Atlantique
Crédits : Eric Askilsrud
Haliphron atlanticus poulpe géant de l'Atlantique
Crédits : Eric Askilsrud

Une attaque de requin ?

On ignore également précisément quels prédateurs peuvent cibler ces poulpes géants. Cependant, d’étranges marques circulaires identifiées sur l’individu récemment photographié laissent à penser qu’elles pourraient avoir été infligées par un requin-lutin (Isistius brasiliensis). Il s’agit de l’un des plus petits requins du monde.

À noter également qu’un autre poulpe géant de l’Atlantique avait également été repéré dans les bas-fonds de la mer des Salish le 17 septembre 2023 dernier près de Victoria, en Colombie-Britannique, à seulement 37 kilomètres de Tongue Point. Il ne pourrait s’agir que d’une simple coïncidence, mais il est tout à fait possible qu’un facteur (encore indéterminé) pousse ces poulpes à se diriger vers des eaux moins profondes.

Cette rencontre rare avec un poulpe géant de l’Atlantique dans les eaux peu profondes de la mer des Salish rappelle à quel point la nature recèle encore de mystères, même pour des espèces que nous pensions bien connaître. Les photographies d’Eric Askilsrud offrent un précieux aperçu de ce céphalopode impressionnant, dont les habitudes et les migrations restent largement méconnues. Alors que les blessures observées sur ce spécimen soulèvent des questions sur ses prédateurs potentiels, elles illustrent également la fragilité de ces créatures fascinantes face aux menaces naturelles. La répétition de ces observations dans la région pourrait indiquer des changements écologiques ou comportementaux encore non identifiés, soulignant l’importance de poursuivre les recherches pour mieux comprendre ces géants des profondeurs et leur rôle dans l’écosystème marin.