Quand stériliser son chien pour réduire ses problèmes de santé ?

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Crédits : Free-Photos / Pixabay

Devriez-vous stériliser votre chien dans le but de réduire, à terme, le risque d’éventuels problèmes de santé ? Une étude massive publiée dans Frontiers in Veterinary Science nous permet d’y voir un peu plus clair.

La stérilisation des chiens mâles et femelles au cours de la première année après la naissance est devenue courante. Pourtant, nous savons que certaines races sont plus sujettes à développer certaines maladies ou troubles si elles sont stérilisées avant six mois.

Néanmoins, jusqu’à présent, les études n’avaient évalué ce risque que pour quelques races. De nouveaux travaux menés par des chercheurs de l’Université de Californie (États-Unis) viennent élargir ce spectre à 35 races. Il ressort finalement que la vulnérabilité à la stérilisation varie considérablement selon la race.

Cancers et troubles articulaires

Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs ont analysé 15 ans de données provenant de milliers de chiens admis à l’UC Davis Veterinary Medical Teaching Hospital, en Californie. Le but : déterminer si la stérilisation (et à partir de quand elle est opérée) peut amener telle ou telle race à développer un cancer ou des troubles articulaires.

De manière plus précise, les troubles articulaires concernaient ici les dysplasies de la hanche, les déchirures de ligaments croisés crâniens et les dysplasies des coudes. Côté cancers, les chercheurs se sont penchés sur le lymphome, l’hémangiosarcome (cancer des parois des vaisseaux sanguins), les tumeurs mastocytaires et l’ostéosarcome (cancer des os).

Enfin, les chercheurs ont également déterminé si le sexe de l’animal pouvait avoir une incidence sur la propension à développer ces différentes conditions.

La conclusion de cette étude, de manière très globale, confirme qu’il n’existe pas de généralité.

« Il n’y a pas de « taille unique » en ce qui concerne les risques pour la santé et l’âge auquel un chien est stérilisé, souligne en effet Benjamin Hart, auteur principal de ces travaux. Certaines races ont développé des problèmes, d’autres non. Certains ont peut-être développé des troubles articulaires mais pas de cancer, ou inversement ».

Que peut-on retenir ?

D’une part, que la vulnérabilité des chiens aux troubles articulaires est liée à la taille du corps. « Les plus petites races ont moins de problèmes, alors que la majorité des plus grandes races en ont », résume Lynette Hart, co-auteure de l’étude.

Seules exceptions, deux races géantes – les grands Danois et les lévriers irlandais – ne semblaient présenter aucun risque accru de troubles articulaires lorsqu’ils étaient stérilisés à tout âge.

Les chercheurs ont également constaté que la fréquence des cancers chez les petits chiens était plus faible, qu’ils soient stérilisés ou non. Chez deux races de petits chiens, cependant, les données montrent une augmentation significative des cancers avec stérilisation. Ces deux races sont le Boston terrier et le Shih Tzu.

Autre point important : le sexe du chien fait parfois une différence en cas de stérilisation. Une femelle Boston terrier stérilisée à l’âge standard de six mois, par exemple, ne présente pas de risque accru de cancer en comparaison à une femelle non stérilisée. En revanche, les mâles de cette race stérilisés avant un an présentent un risque considérablement accru.

Les cas de cancers chez les plus grands chiens stérilisés sont donc, comme on l’a dit, plus importants.

L’exemple du Boxer

La population étudiée était de 220 mâles non castrés, 203 mâles castrés, 128 femelles non stérilisées et 210 femelles stérilisées. L’apparition d’un ou de plusieurs cancers suivis chez les mâles non castrés était de 17% et chez les femelles non stérilisées de 11%. La castration des mâles avant deux ans a augmenté de manière significative le risque de cancer par rapport à celui des mâles non castrés (+32%). Même schéma avec les femelles stérilisées, avec une augmentation des risques de cancer de 20% environ.

Sur cette simple base, les chercheurs proposent donc, pour les deux sexes, de retarder la stérilisation jusqu’à l’âge d’au moins deux ans.

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Crédits : Digital_Punks/Pixabay

Autre exemple avec le Golden Retriever

L’échantillon comprenait 318 mâles non castrés, 365 mâles castrés, 190 femelles non stérilisées et 374 femelles stérilisées. Chez les mâles et les femelles non stérilisés, le niveau d’apparition d’un ou de plusieurs troubles articulaires était respectivement de 5% et 4%.

Chez les mâles castrés avant 6 mois, les risques ont augmenté de 25%. Ceux castrés entre six mois et un an avaient un risque moindre, estimé à 11%. Chez les femelles, la stérilisation avant 6 mois était associée à des risques supérieurs à hauteur de 18%.

Par ailleurs, pour les mâles non castrés, les risques de développer un cancer étaient de 15%. Pour les femelles non stérilisées, l’estimation était de 5%. En revanche, les mâles castrés avant 6 mois présentaient un risque de développer un cancer estimé à 19%. Chez les femelles, la stérilisation avant 6 mois était cette fois associée à une augmentation des risques de cancer à 11 %. Celles stérilisés entre 6 mois et un an présentaient de leur côté un risque de 17%.

Sur cette base, si l’on ne prend évidemment en compte que les risques de cancers et de troubles articulaires, les chercheurs conseillent de stériliser les mâles après un an, et de ne pas stériliser les femelles.

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Une femelle Golden Retriever et son petit. Crédits : JacLou/pixabay

Un tableau pour y voir plus clair

Pour aider les propriétaires à déterminer la meilleure façon de maintenir leur chien en bonne santé, les chercheurs ont développé un tableau pour chacune des races étudiées (Beyond = à partir de).

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Crédits : Hart et. al., 2020

Les propriétaires de chiens choisissent très souvent de castrer ou stériliser leur animal pour empêcher la surpopulation des animaux de compagnie. Pour éviter de surpeupler les refuges, notamment. Mais si l’on prend en compte la santé de l’animal, cette étude suggère que les propriétaires de chiens devraient soigneusement reconsidérer la question.

« Nous pensons que c’est la décision du propriétaire de l’animal, en consultation avec son vétérinaire, et non les attentes de la société qui devraient dicter le moment de la stérilisation, souligne en effet Benjamin Hart. Il s’agit d’un changement de paradigme pour l’opération la plus couramment pratiquée dans la pratique vétérinaire. »