La disparition des reptiles géants, anciens prédateurs de l’ère glaciaire, a ouvert la voie à une extinction massive d’espèces. Une catastrophe écologique toujours d’actualité.
Domination reptilienne
Tigres à dents de sabre, ours à face courte et autres loups géants… Durant le dernier âge de glace, les grands mammifères prédateurs dominaient toute la planète. Enfin, presque. Toute la planète sauf l’Australie. Ici, les reptiles étaient les rois. Se côtoyaient des serpents constricteurs de 10 mètres de long (Liasis) et des crocodiles de six mètres (Quinkana). Ou encore des varans géants (Megalania prisca).
Et selon une étude présentée hier lors de la réunion annuelle de la Société de Paléontologie des Vertébrés, c’est bien la disparition de ces animaux qui a permis aux prédateurs mammifères de s’installer dans la région.
Gilbert Price et son équipe de l’Université du Queensland ont en effet récemment passé en revue les découvertes fossiles faites au cours de ces 15 dernières années. Ils se sont alors aperçus que l’Australie avait une diversité de reptiles à l’époque glaciaire bien plus large qu’on ne le pensait auparavant. Ils estiment que ces animaux ont finalement dominé leur environnement il y a entre 25 millions d’années et 40 000 ans.
« Lorsque nous pensons “domination reptilienne”, l’âge des dinosaures nous vient tout de suite à l’esprit, explique Larisa DeSantis, de l’Université Vanderbilt de Nashville. C’est donc excitant de penser que l’Australie a été dominée par des prédateurs reptiliens au cours de son histoire récente ».

Les conséquences de leur extinction
Mais tous ces prédateurs ont depuis disparu. Une extinction qui coïncide avec l’arrivée de l’Homme et d’importants bouleversements climatiques. Ce n’est qu’une fois cette niche libérée que de plus petits prédateurs mammifères, comme le tigre et le diable de Tasmanie, ont pu véritablement montrer de quoi ils étaient capables. Mais ça n’a pas duré longtemps.
La situation s’est en effet empirée pour ces deux prédateurs il y a environ 4 000 ans lorsque le dingo, un mammifère d’Asie, fut intégré dans le paysage australien. Cet animal était plus efficace. Et donc plus dangereux. Ils ont ensuite essuyé un nouveau coup de massue avec les arrivées du chat et du renard il y a 200 ans.
Ces nouveaux prédateurs du vieux continent ont en effet dévasté les petits marsupiaux, qui avaient durant tout ce temps évolué aux côtés des reptiles. Ils n’ont alors pas été en mesure de s’adapter à leurs nouveaux bourreaux plus intelligents.
Les chats et les renards, rappellent les chercheurs, ont été impliqués dans la perte d’une trentaine d’espèces de mammifères australiens au cours des 200 dernières années. « Cela représente 50 % des extinctions de mammifères dans le monde au cours de cette période, peut-on lire. Ce qui est une catastrophe absolue. Nos recherches démontrent qu’il n’est pas normal que notre continent soit dominé par les mammifères placentaires qui ont régné sans contrôle en l’absence de ces anciens géants aujourd’hui éteints ».
Au final, tout a commencé avec la disparition des reptiles de l’ère glaciaire. « Et nous sommes, encore aujourd’hui, toujours confrontés aux conséquences écologiques de leurs pertes », conclut le chercheur.
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