Au temps de l’Indochine française, notre pays détenait un territoire assez méconnu : Kouang-Tchéou-Wan. Celui-ci se situait dans le sud de la Chine continentale. Pendant près d’un demi-siècle, la France a bel et bien possédé un morceau de Chine !
Un bout de Chine français
Lorsque l’on regarde une carte de l’Indochine française (1887-1954), il est possible d’observer divers territoires. Citons le Laos, le Cambodge ainsi que l’Annam, le Tonkin et la Cochinchine qui réunifiés, ont ensuite formé le Vietnam. Or, la carte montre un dernier territoire bien plus petit au nord-Est : Kouang-Tchéou-Wan (guǎngzhōu wān – 廣州灣), signifiant « Baie de Guangzhou ».
D’une superficie d’environ 1 300 km², le territoire en question était situé au sud de la Chine continentale et a appartenu à la France entre 1898 et 1945, rattaché administrativement au Tonkin. Kouang-Tchéou-Wan se situait à l’ouest de la province du Guangdong, sur la côte nord-est de la péninsule de Leizhou qui fait face à l’île de Hainan. L’ancien territoire de Kouang-Tchéou-Wan comprend aujourd’hui des villes telles que Zhanjiang, Donghai ou encore Naozhou.
Pourquoi détenir ce territoire ?
Au début du XIXe siècle, la Chine de la dynastie des Qing est en déclin, marquée par un pouvoir centralisé et un déclin économique. Ainsi, de grandes difficultés se font ressentir pour contenir les visées expansionnistes des puissances occidentales. C’est ainsi que la Chine ruinée par les conflits (et les révoltes intérieures) se lance dans une politique d’ouverture avec les concessions de territoires à bail. Il s’agissait pour la Chine d’un moyen d’assurer une certaine paix tout en laissant d’autres pays développer certains de ses territoires.
Le 10 avril 1898, la Chine et la France signent le traité de Kouang-Tchéou-Wan. Cet accord donnait droit à la France d’occuper le territoire durant 99 ans et d’y développer chemins de fer, câbles aériens, etc. Le but pour la France était d’étendre sa zone d’influence à partir de l’Indochine jusqu’au sud-ouest de la Chine. Il était notamment question de faire de Kouang-Tchéou-Wan un grand port de commerce et ainsi rivaliser avec Hong Kong (Britanniques) mais aussi Macao (Portugais).
Crédits : Wikipedia
Un échec cuisant
Durant la Première Guerre mondiale, la France a du mal à assurer la sécurité de l’Indochine et demande de l’aide aux Britanniques pour protéger Kouang-Tchéou-Wan. Au même moment, la Chine voisine est toujours instable et n’attaque pas le territoire. Au début des années 1920, la France reconnaît l’échec du projet initial qui ne sera jamais l’égal de Hong Kong et Macao. Les raisons se trouvent dans le fait que les investissements visaient principalement l’Indochine et que la population de Kouang-Tchéou-Wan stagnait. Pourtant, le chemin de fer construit pour relier la province du Yunnan au grand port de Haiphong (Tonkin) avait connu un grand succès économique.
La France décida ensuite de faire de ce territoire un port de guerre, après avoir eu connaissance des intentions impérialistes du Japon sur la Chine. Dans les années 1930, le projet se concrétise mais est finalement abandonné pour des raisons budgétaires. Finalement, l’Empire du Japon s’empare de Kouang-Tchéou-Wan en 1943, en pleine Seconde Guerre mondiale. Après la capitulation japonaise en 1945, la France assure la rétrocession du territoire à la Chine.
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