Selon une récente étude, de fortes doses de cocaïne chez des souris déclenchent dans le cerveau un processus par lequel les cellules digèrent littéralement leurs propres entrailles. Un véritable « suicide cellulaire ».
La cocaïne est l’une des drogues les plus répandues de notre société moderne, avec des surdoses qui sont fréquemment mortelles. Les mécanismes moléculaires sous-jacents de ses actions toxiques sont encore obscurs, mais ce que l’on sait, en revanche, c’est que de fortes doses pousseraient le cerveau des souris à s’auto-détruire, amenant les neurones à digérer littéralement leurs propres entrailles. On parle alors « d’autophagie hyperactive », un véritable suicide cellulaire également observé chez les souriceaux dont les mères ont reçu de la cocaïne pendant leur grossesse.
L’autophagie est un mécanisme naturel qui consiste en la dégradation partielle du contenu de la cellule (appelé cytoplasme) par la cellule elle-même, en utilisant ses propres lysosomes. Fusionnés aux enzymes digestives, ces organites cellulaires nettoient les déchets accumulés à l’intérieur même de la cellule. La nature est bien faite. Sauf que sous l’effet de la cocaïne, les mitochondries, des structures indispensables pour lui fournir de l’énergie peuvent également être détruites. En d’autres termes, et comme le résume si bien Prasun Guha, principal auteur de l’étude : « Une cellule est comme un foyer qui génère des déchets et l’autophagie peut être comparée à une femme de ménage débarrassant les poubelles. Mais sous l’effet de la cocaïne, c’est comme si la gouvernante se mettait soudainement à jeter des objets de la maison très importants ».
Ainsi, quand elle n’est pas « contrôlée », l’autophagie peut conduire à la mort cellulaire. Pour empêcher nos chers neurones de se suicider, Prasun Guha et son équipe ont testé plusieurs substances chimiques. Ils ont alors constaté, après plusieurs essais, que le CGP3466B s’avérait particulièrement efficace, celui-ci bloquant l’interaction entre l’oxyde nitrique et l’enzyme GAPDH, impliquée dans l’auto-destruction des cellules induite par la cocaïne. Le composé, non-toxique pour l’homme, s’est notamment récemment illustré en traitant efficacement et rapidement la dépression (chez la souris).
Les chercheurs devront alors vérifier si le processus d’auto-destruction des cellules sous l’effet de fortes doses de cocaïne se vérifie également chez l’Homme. Si tel est le cas, le CGP3466B se présenterait comme un candidat idéal à la mise au point d’un traitement visant à protéger les nourrissons exposés à la cocaïne in utero.