Quand le tout premier ballon espion fut-il déployé ?

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Le ballon espion le 4 février 2023. Crédit : Peter Zay

L’utilisation d’un ballon tel que celui utilisé par la Chine observé dans le ciel des États-Unis ne date pas d’hier. Il faut en effet remonter à 1794 pour trouver la première exploitation militaire d’un tel aéronef à des fins de renseignement. À l’époque, l’armée révolutionnaire française se battait contre les Coalisés.

Le 4 février dernier, un pilote d’un avion de chasse furtif F-22 Raptor a tiré un missile sur le désormais célèbre ballon de surveillance chinois qui dérivait au large des côtes de la Caroline du Sud. Le tir, opéré à plus de dix-sept kilomètres d’altitude, aura frappé sa cible quelques secondes plus tard. D’après le secrétaire à la Défense Lloyd J. Austin, ce ballon était utilisé par la République populaire de Chine pour tenter de surveiller des sites stratégiques sur le continent américain.

Ce n’est cependant pas le premier ballon de ce genre à se manifester. Des ballons intercontinentaux à haute altitude ont en effet déjà été utilisés par les Japonais en 1944, par les Allemands pendant la Grande Guerre ou, encore plus tôt, pendant le siège de Paris par les Prussiens en 1870. Mais à quand remonte la toute première exploitation militaire d’un tel aérostat à des fins de renseignement ?

La bataille de Fleurus

La bataille de Fleurus eut lieu pendant la guerre de la Première Coalition entre les coalisés et la France. Deux mois plus tôt, une compagnie militaire d’aérostiers avait été créée à Meudon, placée sous la direction du chimiste et aérostier Jean-Marie Joseph Coutelle.

Ce dernier développa L’Entreprenant, un ballon sphérique d’un diamètre d’environ neuf mètres gonflé à l’hydrogène. L’imperméabilisation de l’enveloppe avait été réalisée par Jean-Marie-Joseph Coutelle et Nicolas-Jacques Conté (qui n’est autre que l’inventeur du crayon). Ce ballon pouvait élever une nacelle occupée par deux hommes et atteindre l’altitude de 500 mètres.

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L’Entreprenant pendant la bataille de Fleurus le 26 juin 1794. Crédits : Derek Bayes

Sur place, le Corps aérostatique formé pour l’occasion, composé d’un capitaine et d’un lieutenant, d’un sergent-major et d’un sergent, de deux caporaux et vingt soldats, commença par extraire de l’hydrogène pour gonfler le ballon. Des expériences menées près des Tuileries de septembre à octobre 1793 avaient en effet permis d’en produire plus de vingt mètres cubes sans l’utilisation d’acide sulfurique qui était en pénurie à l’époque.

Le ballon, désormais gonflé, fut utilisé une première fois le 2 juin 1794 pour faire de la simple reconnaissance pendant un bombardement ennemi. Plus tard, le 22 juin, le corps aérostatique reçut l’ordre de le déplacer vers la plaine de Fleurus, devant les troupes autrichiennes à Charleroi, à environ 50 kilomètres (d’où la nécessité des vingt soldats).

Puis vint la bataille de Fleurus, le 26 juin, au cours de laquelle Coutelle et son assistant Morlot prirent des notes pendant plusieurs heures sur les mouvements de l’armée autrichienne, les laissant tomber au sol pour être collectés par l’armée française. Certains messages étaient également transmis par sémaphore. Les renseignements glanés grâce au ballon auront finalement aidé les troupes françaises à remporter la victoire sur les Autrichiens.