Géothermie : une société prévoit de forer jusqu’à 20 kilomètres

Quaise Energy, une société spécialisée dans la géothermie, revendique la capacité de creuser profondément dans la croûte terrestre au moyen de systèmes de forage à ondes millimétriques. Cette technique pourrait permettre de libérer de vastes quantités d’énergie quasi « illimitées ».

La géothermie rassemble l’ensemble des techniques permettant de récupérer la chaleur contenue dans les sous-sols de la Terre. Côté avantages, elle nécessite généralement moins d’espace que le solaire ou l’éolien et peut produire en permanence. Côté inconvénients, la géothermie implique de creuser très profondément pour atteindre des températures très élevées pour que l’eau insufflée se réchauffe suffisamment et remonte chargée de calories (énergie thermique). Ces calories sont ensuite utilisées directement ou converties partiellement en électricité.

Cependant, forer à cette profondeur coûte souvent bien trop cher. Sur le plan technique, si les foreuses conventionnelles pénètrent facilement à travers la croûte à de faibles profondeurs, les roches deviennent rapidement plus dures, tandis que la pression et la température ne cessent d’augmenter. Au bout d’un moment, les forets ne le supportent plus. En outre, fabriquer un matériau capable de résister à de telles conditions serait trop onéreux pour que le procédé reste viable, ce qui nous amène à Quaise Energy .

La start-up originaire du Massachusetts Institute of Technology (MIT) assure en effet avoir développé un moyen de forage en grande profondeur grâce à un système de forage à ondes millimétriques appelé « gyrotron ».

Libérer le véritable pouvoir de l’énergie géothermique

Ce système de forage à ondes millimétriques s’appuie sur une technologie théorisée depuis quelques années, mais qui n’a pas encore été produite à grande échelle. L’idée serait d’utiliser des ondes à haute fréquence pour chauffer la roche et la faire fondre ou la vaporiser à mesure de la descente.

Quaise Energy espère ainsi pouvoir creuser sur environ cinq kilomètres au moyen d’une foreuse classique, avant de descendre à environ vingt kilomètres avec leur dispositif. Une telle profondeur permet d’atteindre des températures de près de cinq cents degrés. L’entreprise utiliserait ensuite cette chaleur pour « réalimenter les centrales électriques traditionnelles« , supprimant ainsi le besoin de combustibles fossiles.

« La géothermie profonde est au cœur d’un monde énergétiquement indépendant », assure le site Internet de l’entreprise.  » C’est la seule solution renouvelable ayant le potentiel de nous arriver à zéro émission nette d’ici 2050. Elle est renouvelable, inépuisable et disponible partout « .

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La centrale géothermique de Nesjavellir en Islande. Crédits : Gretar Ivarsson

Encore des interrogatoires

Il y a quelques semaines, la société est parvenue à lever quarante millions de dollars pour financer son projet et espère disposer d’une foreuse à gyrotron d’ici fin 2023.

La société étant jusqu’à présent restée relativement silencieuse sur ses capacités de forage, il est encore difficile de dire si la technologie sera viable ou non à si grande échelle. Ce type de technique nécessite en effet de grandes quantités d’énergie pour produire suffisamment d’énergie dirigée permettant de faire fondre la roche. De ce côté, Quaise affirme cependant que son approche est efficace sans pour autant donner de détails.

La géothermie profonde n’est pas non plus sans risque. En 2020, une centrale géothermique proche de Strasbourg avait en effet été mise à l’arrêt après plusieurs séismes, dont un de magnitude 4,3. Là encore, la société assure être en mesure de gérer ce type d’événement, sans plus de précisions.