Que ce soit les hĆ“teliers, les collectivitĆ©s ou encore les particuliers, tous semblent touchĆ©s par le phĆ©nomĆØneā! Ces petits parasites ont tout dāun vampire si lāon omet leur caractĆØre fictif. LĆ oĆ¹ dāautres insectes sont en quĆŖte de sucre et de saletĆ©, les punaises de lit en ont aprĆØs nous et plus particuliĆØrement notre sang. On les avait oubliĆ©es aprĆØs les annĆ©esĀ 50, mais elles signent leur grand retour depuis deux ans.
Mais que sait-on sur elles au juste et pourquoi le phĆ©nomĆØne sāamplifie-t-ilā? Focus sur un vĆ©ritable problĆØme de santĆ© publique grĆ¢ce auquel des professionnels et autres sites de vente de produits contre les nuisibles du type Produit-antinuisible.comĀ (numĆ©ro un franƧais accrĆ©ditĆ© par lāĆtat) ont de beaux jours devant eux.
De quoi sāagit-il au justeā?
RĆ©pondant au doux nom scientifique de Cimex Lectarius, la punaise de lit fait partie de la famille des cimicidĆ©s, sous-ordre des hĆ©tĆ©roptĆØres. Ces parasites de forme ovale peuvent vivre jusquāĆ 24 mois, pondent jusquāĆ 500 Åufs (pour les femelles) et font entre trois et huitĀ millimĆØtres. Ils sont loin dāĆŖtre invisibles bien quāils se tiennent cachĆ©s dans les endroits oĆ¹ lāon aime se reposerĀ : canapĆ©, matelas, sommiers, linge de lit… Une Ć©tudeĀ publiĆ©e dans Scientific ReportsĀ par le scientifiqueĀ William Hentley et ses collĆØgues de lāUniversitĆ© de Sheffield au Royaume-Uni a par ailleurs prouvĆ© en 2017 que les punaises avaient une affection particuliĆØre pour les vĆŖtements ayant Ć©tĆ© portĆ©s et qui traĆ®nent au coin du lit ou les bagages laissĆ©s dans la zone de couchage Ć lāhĆ“tel.
Le sang humain reprĆ©sente environ 89Ā % de son alimentation. Elle pique lāhumain jusquāĆ cent fois par nuit, injectant au passage de la salive dans le sang afin dāĆ©viter la coagulation. Cāest cette mĆŖme salive qui peut causer des dĆ©mangeaisons, des infections ou des douleurs se manifestant par des piqĆ»res semblables Ć celles des moustiques (les rĆ©actions sont plus ou moins manifestes selon les sujets). LāOMS a dĆ©clarĆ© quāen se basant sur les recherches ayant Ć©tĆ© menĆ©es sur le sujet, lāon peut penser que les punaises de lit ne transmettent pas de maladie.
Elles sont prĆ©sentes dans le monde entier, mais les infestations sont plus particuliĆØrement communes dans les pays en dĆ©veloppement, notamment lorsque les conditions de vie sont mauvaises sur le plan sanitaire et quāune surpopulation est constatĆ©e.
Comment se fait-il quāelles prolifĆØrent en Europe, en AmĆ©rique et au Canada alors quāelles sāĆ©taient faites rares depuis 1950ā?
Comme le rappelle Jean-Michel Michaux (vĆ©tĆ©rinaire)Ā : Ā«Ā On avait rĆ©ussi Ć lāĆ©radiquer avec des insecticides dĆ©sormais interdits pour des raisons environnementales.Ā Ā» En effet, dans les annĆ©esĀ 50, les foyers sāĆ©taient dĆ©barrassĆ©s de la punaise de lit Ć lāaide du DDT, un insecticide efficace et pour le moins sans pitiĆ© et interdit de ce fait dans les annĆ©esĀ 70. La punaise est ensuite revenue dans les annĆ©esĀ 90 en AmĆ©rique en se montrant plus rĆ©sistante que jamais aux insecticides. Patrick Burguet,Ā entomologiste membre de la sociĆ©tĆ© dāhistoire naturelle Alcide dāOrbigny (Puy-de-DĆ“me), note Ć©galement avec regret que certains bons rĆ©flexes de lāĆ©poque se sont aussi perdusĀ : Ā«Ā Les gens ne savent plus les reconnaĆ®tre. On a aussi oubliĆ© quelques prĆ©cautionsĀ : autrefois, on aĆ©rait les draps Ć la fenĆŖtre, ce nāĆ©tait pas pour rien.Ā Ā»
La punaise de lit se dĆ©veloppe surtout grĆ¢ce Ć son mode de dĆ©placement. Elle ne peut pas voler comme dāautres et ne se dĆ©place pas plus rapidement quāune fourmi, mais pour sāinstaller chez vous, elle est capable de se glisser dans une valise pendant un voyage Ć lāĆ©tranger ou dans un vieux meuble ou dāautres objets achetĆ©s en brocante (matelas, livres…). Tout lieu Ć forte prĆ©sence humaine est un lieu de prolifĆ©ration potentielle (grande ville, hĆ“tel, auberge de jeunesse, prison, train de nuit, dortoir…). En bref, elles sont lĆ oĆ¹ les humains se concentrent et profitent de notre mode de vie actuel plus en mouvement avec la dĆ©mocratisation des voyages lointains.
Des parasites qui font de plus en plus la une
Patrick Ozanian, commercial pour une sociĆ©tĆ© de protection et maintenance de patrimoine, souligne lāimportance du phĆ©nomĆØneĀ : Ā«Ā Le nombre de cas a augmentĆ© de 40Ā % en Ćle-de-France cette annĆ©e. Et cela touche tout le monde, mĆŖme de grands hĆ“tels et palaces parisiens, oĆ¹ nous intervenonsĀ Ā». La Chambre syndicale dĆ©sinfection, dĆ©sinsectisation, dĆ©ratisation (CS3D) estime Ć 200Ā 000 le nombre de sites qui seraient touchĆ©s par ce flĆ©au.
Les presses rĆ©gionales relaient donc de plus en plus dāactualitĆ©s en lien avec ce sujet, Ć©voquant des immeubles entiers qui seraient touchĆ©s et le calvaire des habitants. Notons lāexemple du cas des urgences nantaises qui avaient fait lāobjet dāune dĆ©localisation sous une tente le temps de traiter le problĆØme ou encore le multiplexe Kinepolis de Thionville qui avait dĆ» fermer ses portes quelques jours ce mois-ci, des spectateurs sāĆ©tant plaints Ć rĆ©pĆ©tition de dĆ©mangeaisons liĆ©es Ć des piqĆ»res de punaises. Nul doute que nous nāavons pas fini dāentendre parler dāelles…
SourcesĀ : LaMontagneā; Le Parisienā; i-Actu ; Science et Avenir & EuropeĀ 1