Le « Monkeydactyl » aussi avaient des pouces opposables

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Crédits : Chuang Zhao

Une nouvelle espèce de ptérosaure arboricole vieille de 160 millions d’années, surnommée « Monkeydactyle », représente le plus ancien enregistrement de pouces opposables.

Ces gros doigts qui s’opposent aux quatre autres ont longtemps été considérés comme l’apanage de l’humanité… à tort. Les pouces opposables sont en effet caractéristiques des primates. On les retrouve également chez certaines grenouilles arboricoles ou chez les caméléons. À partir de quand ces outils ont-ils été développés ? Réponse : il y a au moins 160 millions d’années.

Le premier enregistrement d’un véritable pouce opposable

Dans la revue Current Biology, une équipe de paléontologues détaille la découverte d’une nouvelle espèce de reptile volant décrite à partir d’un spécimen récupéré dans la formation Tiaojishan du Liaoning, en Chine. Kunpengopterus antipollicatus, son nom scientifique, était un petit membre de la grande famille des ptérosaures avec une envergure avoisinant les 85 centimètres seulement.

En revanche, cette nouvelle espèce se détache pour une autre raison : au bout de ces ailes se développait un doigt opposable. Pour cette raison, les chercheurs évoquent le surnom de « Monkeydactyl » (ou « doigt de singe »).

Cette incroyable découverte a été possible grâce à une analyse de son fossile par tomographie microcalculée (micro-CT), une technique de balayage s’appuyant sur les rayons X pour imager un objet.

« Les doigts de ce ptérosaure sont minuscules et partiellement enfoncés dans la dalle. Grâce à la microtomodensitométrie, nous avons pu voir à travers les roches, créer des modèles numériques et dire comment le pouce opposable s’articule avec les autres os de ses doigts« , détaille Fion Waisum Ma, de l’Université de Birmingham.

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Le fossile de K. antipollicatu s découvert dans la formation de Tiaojishan, maintenant conservé au musée des ptérosaures de Beipiao. Crédits : Zhou et coll., 2021.

Une vie arboricole

Le « Monkeydactyl » représente ainsi le plus ancien enregistrement d’opposition palmaire du pollex (pouces opposables).

Les auteurs pensent que la morphologie de ses membres antérieurs est apparue comme une adaptation pratique à la vie arboricole, utile pour saisir les branches lors de leur ascension. Cette espèce aurait ainsi creusé une niche différente de celle de ses voisins ptérosaures Darwinopterus et Wukongopterus qui partageaient le même environnement, ce qui a probablement minimisé la concurrence entre ces ptérosaures.

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Reconstruction de la vie de K. antipollicatus. Crédits : Chuang Zhao

Nous savons que les ptérosaures, qui vivaient au Mésozoïque, ont été les premiers vertébrés connus à évoluer en vol motorisé. Or, la locomotion arboricole a parfois été considérée comme ayant joué un rôle dans l’origine du vol de ces reptiles. Nous pourrions ainsi nous demander par extension si l’évolution du pouce opposable n’a pas contribué à celle du vol motorisé.