Il y a quelques mois, des astrophysiciens ont repéré la plus grande éruption jamais enregistrée sur l’étoile Proxima Centauri, le plus proche voisin stellaire du soleil. Les détails de l’étude sont publiés dans The Astrophysical Journal Letters.
Située à un peu plus de quatre années-lumière de la Terre, Proxima Centauri intéresse la communauté scientifique pour une raison très simple. Il y a cinq ans, une équipe de l’European Southern Observatory annonçait en effet la découverte d’une planète de type terrestre, baptisée depuis Proxima Centauri b, évoluant dans la zone « habitable » de Proxima Centauri. Des études récentes ont souligné la possible présence d’une seconde planète autour de cette étoile, mais rien de confirmé encore.
Depuis la découverte de Proxima b, des travaux sont ainsi menés pour déterminer si cette planète pourrait ou non abriter de l’eau liquide et, par extension, la vie. Néanmoins, il convient de s’intéresser à son étoile.
Les naines rouges, petites et instables
Proxima Centauri est une naine rouge huit fois moins massive et plus fraîche que le Soleil. Cela signifie que sa zone habitable est plus proche du centre stellaire. C’est ici que les problèmes commencent. En effet, si les naines rouges sont petites comparées à d’autres mastodontes stellaires, elles sont en revanche très actives et instables, projetant régulièrement dans leur entourage des éruptions stellaires. Et Proxima Centauri n’échappe pas à la règle.
Dans le cadre d’une étude récente, des chercheurs de l’Université du Colorado dirigés par Meredith MacGregor se sont appuyés sur neuf instruments pour observer l’étoile en 2019. Parmi eux figuraient notamment les « yeux » de Hubble, de l’Atacama Large Millimeter Array (ALMA) et du chasseur d’exoplanètes TESS. Au cours de quarante heures d’observation (étalées sur plusieurs mois), cinq de ces instruments ont enregistré une « fusée éclairante » (rafale de rayonnement) incroyablement puissante. « L’étoile est devenue 14 000 fois plus brillante dans les longueurs d’onde ultraviolettes en l’espace de quelques secondes« , selon Meredith MacGregor.
Pour mettre cela en perspective, l’événement était environ cent fois plus puissant que toute autre éruption similaire observée à la surface du Soleil.
Des éruptions quasi quotidiennes
Observé le 1er mai 2019, l’événement n’a duré que sept secondes. Bien qu’il n’ait pas produit beaucoup de lumière visible, il a généré une énorme poussée de rayonnement ultraviolet et radio. « C’est donc la première fois que nous cherchons des fusées éclairantes millimétriques« , souligne l’astrophysicienne. Ces signaux millimétriques pourraient aider les chercheurs à recueillir plus d’information sur la façon dont les étoiles génèrent des éruptions.
Notez que ce type de poussée n’est pas rare sur Proxima Centauri. En plus de cet événement essuyé le 1er, mais 2019, les chercheurs ont enregistré de nombreuses autres fusées éclairantes au cours des de ces quarante heures d’observations. Pour la ou les planètes évoluant autour de cette étoile, ces événements seraient quasi quotidiens. Au fil du temps, une telle énergie pourrait alors dépouiller leur atmosphère, exposant les formes de vie évoluant en dessous à des radiations mortelles.
« S’il y avait de la vie sur la planète la plus proche de Proxima Centauri, Proxima b, elle devrait être très différente de tout ce qui existe sur Terre« , conclut l’astrophysicienne. « Autrement, elle vient de passer un très mauvais moment ».
En 2017, déjà, une équipe d’astronomes avait détecté une gigantesque éruption stellaire à la surface de l’étoile. Cette éruption avait été si puissante qu’une vie de « type terrestre » n’aurait eu aucune chance de survivre.