Protège-t-on réellement l’environnement en boycottant l’huile de palme ?

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(© Maxime Aliaga/Sumatran Orangutan Conservation Program, SOCP)

L’huile de palme a mauvaise publicité, sa culture impliquant une vaste déforestation qui met en danger de nombreuses espèces. C’est pourquoi les consommateurs tendent de plus en plus à boycotter les produits en contenant. Mais est-ce vraiment la solution idéale pour protéger l’environnement ?

Non, comme le soulignent dans The Conversation Jake Bicknell et Matthew Struebig, de l’Université de Kent, ainsi qu’Eleanor Slade, de l’Université d’Oxford (Royaume-Uni). Boycotter l’huile de palme reviendrait en effet à « déplacer » le problème vers des conséquences encore plus dramatiques. Comment ? L’huile de palme, présente dans la moitié de nos aliments, devrait en effet être « remplacée par d’autres types d’huile végétale pour répondre à la demande mondiale », expliquent les chercheurs. Et ces huiles (soja, colza), sont beaucoup plus gourmandes en terres.

Plus de déforestations

« Les cultures oléagineuses de palme produisent en effet quatre à dix fois plus d’huile par unité de terre et nécessitent beaucoup moins de pesticides et d’engrais », expliquent les chercheurs. Ils notent au passage que si « l’huile de palme représente 35 % de toutes les huiles végétales », elle n’occupe que « 10 % des terres consacrées aux oléagineux ».

Si l’on tend à remplacer l’huile de palme par ces autres cultures, les demandes en terres seraient donc plus importantes, et la déforestation encore plus marquée dans les régions concernées (principalement en Amérique du Sud). Quelle solution alors ?

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Crédits : Pixabay / sarangib

Huile de palme certifiée

L’idée, selon les chercheurs, serait donc de promouvoir des huiles certifiées, et de ne pas boycotter l’huile de palme. Les premières sont issues de sources plus responsables : les cultures se font dans les zones non boisées, par exemple, ce qui n’implique aucune déforestation.

Une certification coûte cher, et de grandes marques (comme Nestlé et Palmolive) utilisent déjà de l’huile de palme certifiée dans leurs produits. Mais une grande partie des consommateurs n’est aujourd’hui pas disposée à payer le prix fort pour des produits durables (le prix de la certification se répercute sur le prix de vente). Faire la promotion d’une huile de palme – même certifiée – paraît également négatif aux yeux des consommateurs, et ce malgré les avantages environnementaux que ce label implique. Les enseignes ne peuvent donc malheureusement pas se permettre de communiquer dessus.

L’idéal pour l’environnement (on ne parle pas ici de santé) serait alors de prendre conscience des « bienfaits » pour la faune et la flore d’une culture d’huile de palme certifiée. Une fois celle-ci plus populaire, les consommateurs pourraient alors ne plus hésiter à payer un peu plus cher pour des produits plus respectueux de l’environnement. Quoi qu’il en soit, le boycott n’est pas la solution.

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