Les cinq sens sont l’ouïe, le toucher, la vue, le goût et l’odorat. Toutefois, les humains possèdent bel et bien un sixième et dernier sens que l’on évoque finalement assez peu : la proprioception. Il s’agit tout simplement du sens du positionnement du corps dans l’espace.
Un sens essentiel pour les humains
La plupart du temps, nous évoquons cinq sens chez l’être humain. Toutefois, il possède aussi un sixième sens beaucoup moins connu du commun des mortels : la proprioception (ou kinesthésie). Il s’agit du sens grâce auquel nous percevons la position et le mouvement de notre corps, y compris notre sens de l’équilibre et de l’équilibre, un sens dépendant de la notion de force. En somme, il s’agit d’un genre de GPS présent dans tous les cerveaux humains qui permet notamment de boire ou manger en visant précisément la bouche, d’avancer dans la pénombre ou encore de toucher à coup sûr la partie du corps qui nous démange.

Parfois qualifiée de « sixième sens silencieux », la proprioception est essentielle aux humains. Par silencieux, il faut comprendre « peu évident » en comparaison aux autres sens, ces derniers étant beaucoup plus connus. Par ailleurs, son importance se fait surtout sentir lorsque ce sens nous fait défaut. En effet, une personne dépourvue de proprioception (ou chez qui elle est peu fonctionnelle) éprouvera d’énormes problèmes dans son quotidien. Sans ce sixième sens, la personne en question pourra à peine se lever pour marcher.
La proprioception permet également de remplacer un autre sens lorsqu’il est mis à mal. Par exemple, la vue n’est pas assez utile pour se déplacer dans le noir, mais le déplacement reste tout de même possible grâce à la conscience de notre corps quant à sa position dans l’espace dans lequel celui-ci évolue.
Impossible de traiter les défaillances
Comme l’explique le média Popular Mechanics dans un article du 12 juillet 2023, la proprioception peut être fortement impactée en cas d’accident vasculaire cérébral (AAVC) ou encore de maladie de Parkinson. Ainsi, certains gestes qui paraissent habituellement anodins deviennent très difficiles à effectuer. Dans le pire des cas, la personne n’est même plus capable de réaliser ces gestes. Par exemple, les individus qui subissent une défaillance de leur proprioception ont du mal à évaluer la masse des objets qui les entourent. Cela altère la capacité à les soupeser, et donc à les porter.
La proprioception est un sujet d’étude scientifique depuis longtemps. Experts dans un domaine assez méconnu, la mécanobiologie, les chercheurs David Julius et Ardem Patapoutian ont notamment reçu le prix Nobel de médecine en 2021 pour leurs travaux sur la proprioception et les récepteurs thermiques du toucher. Néanmoins, il reste à ce jour impossible de soigner une défaillance de la proprioception. Les experts ne savent même pas si un traitement sera un jour découvert.
Professeur à la School of Kinesiology de l’Université du Minnesota (États-Unis), Jürgen Konczak travaille actuellement sur la défaillance de la proprioception. Selon lui, les travaux de recherche pour découvrir un traitement sont quasiment à l’arrêt. En revanche, il a l’espoir de développer des thérapies qui s’adaptent aux différents types de patients afin de les aider à prendre conscience des différentes parties de leurs corps. Enfin, d’autres travaux concernent la possibilité de créer des neuroprothèses. Reliées au système nerveux, elles pourraient être d’une grande aide pour les personnes touchées par le phénomène.