Existe-t-il des civilisations extraterrestres capables de penser et construire des technologies autorisant le voyage interstellaire ? Un projet de recherche international nommé Galileo, piloté par le Pr Avi Loeb, entend bien le savoir.
Dirigé par une équipe multi-institutionnelle de scientifiques et piloté par l’Université d’Harvard, le projet Galileo cherchera et étudiera des preuves susceptibles de représenter des « civilisations technologiques extraterrestres » défuntes ou toujours actives (ou ETC), d’après ses représentants.
Visiteur interstellaire
Le développement de ce nouveau programme fait suite à la découverte, en 2017, du premier objet interstellaire connu à visiter notre Système solaire. Si certains décrivent l’objet comme un simple astéroïde, une comète ou un fragment de super-terre, l’objet, baptisé Oumuamua, s’est avéré avoir des « propriétés très anormales qui défient les explications naturelles bien comprises« , peut-on lire dans le communiqué de l’Université.
Aussi, Oumuamua pourrait s’expliquer par des explications naturelles jamais vues auparavant ou bien nous pourrions étendre notre imagination en n’écartant pas l’idée que l’objet puisse être le témoignage d’une civilisation extraterrestre, même si cette possibilité est infime.
Avi Loeb, qui devrait piloter ce nouveau projet, en est quant à lui convaincu. En effet, cet étrange objet en forme de cigare était selon lui une sonde munie d’une voile solaire. Il en a même écrit un livre paru en janvier dernier titré Le premier signe d’une vie intelligente extraterrestre. Sur le bandeau publicitaire rouge de l’édition française du livre, Loeb avertit : « Si j’ai raison, c’est la plus grande découverte de l’histoire de l’humanité« .
Phénomènes aériens non identifiés
Oumuamua n’est pas l’unique motivation de ce nouveau projet. La publication récente du rapport de l’ODNI (Office of the Director of National Intelligence) sur les phénomènes aériens non identifiés (UAP) a également aidé. Remis au Congrès le 25 juin dernier, le document mentionne en effet certains phénomènes ariens non identifiés (PAN), dont la nature est encore inconnue.
Selon l’équipe de chercheurs, et compte tenu de l’abondance des « systèmes Terre-Soleil » récemment découverts, les humains ne doivent plus ignorer l’existence possible de civilisations technologiques extraterrestres (CTE). Et surtout, la science ne devrait pas rejeter de manière dogmatique les explications extraterrestres potentielles en raison de la stigmatisation sociale ou des préférences culturelles, facteurs qui ne sont pas propices à la méthode scientifique d’enquête empirique impartiale.
Aussi, nous devons maintenant être déterminés à rechercher de manière systématique, scientifique et transparente des preuves potentielles. « L’impact de toute découverte de technologie extraterrestre sur la science et sur notre vision du monde entier serait énorme« , peut-on lire dans le communiqué.
Les différentes approches
Pour opérer, le groupe de recherche du projet Galileo visera à identifier la nature de possibles objets interstellaires en utilisant la méthode scientifique standard basée sur une analyse transparente de données ouvertes collectées à l’aide d’instruments optimisés. Le projet cherchera ainsi à obtenir des images de PAN avec un réseau de télescopes et de réseaux de détecteurs à haute résolution répartis dans des emplacements sélectionnés. Les données seront ouvertes au public et l’analyse scientifique sera transparente.
« Nous prévoyons de vastes approches d’intelligence artificielle/deep learning (AI/DL) et algorithmiques pour différencier les phénomènes atmosphériques des oiseaux, des ballons, des drones commerciaux ou grand public, et des objets technologiques potentiels d’origine terrestre ou autre surveillant notre planète, tels que les satellites« , écrit l’équipe de chercheurs.
Le groupe de recherche s’appuiera également sur les relevés astronomiques existants et futurs tels que le futur Legacy Survey of Space and Time (LSST), de l’observatoire Vera C. Rubin, pour surveiller les propriétés de potentiels visiteurs interstellaires de type Oumuamua. « Nous conceptualiserons et concevrons également, potentiellement en collaboration avec des agences spatiales ou des entreprises spatiales intéressées, une mission spatiale prête au lancement pour imager ces objets en interceptant leurs trajectoires lors de leur approche du Soleil« , peut-on lire.
Le projet Galileo tire évidemment son nom de l’astronome italien, qui vécut de 1564 à 1642, à l’origine de la découverte de plusieurs cratères lunaires, des anneaux de Saturne ou encore de quatre lunes joviennes. L’une de ses pensées, notamment, s’intègre parfaitement dans ce nouveau projet : « Toutes les vérités sont faciles à comprendre une fois qu’elles sont découvertes — le but est de les découvrir« , avait-il écrit en 1632 dans Dialogue Concerning the Two Chief World Systems.