En 1954, les ingénieurs britanniques à l’origine de Blue Peacock imaginèrent des bombes susceptibles d’exploser au nez des Soviétiques en cas d’invasion. Pour les protéger du froid, ils imaginèrent aussi plusieurs options parmi lesquelles figuraient des poules.
Blue Peacock, rebaptisé Blue Bunny, est le nom d’un projet d’arme nucléaire tactique imaginé par les Britanniques dans les années 1950, en pleine guerre froide. L’objectif était d’enterrer des mines terrestres nucléaires dans le nord de l’Allemagne en prévision d’une potentielle attaque soviétique. Ces bombes, imaginées par le Royal Armament Research and Development Establishment (RARDE), seraient ensuite activées une fois l’ennemi installé. Les quartiers généraux et autres dépôts de ravitaillement alors détruits, les retombées radioactives dissuaderaient ensuite une potentielle récidive.
Comprenez en effet qu’il ne s’agissait pas de petites bombes. Chacune de ces armes était environ deux fois plus puissante que celle à l’origine de la destruction de Nagasaki en 1945, de quoi creuser des cratères de plus de 180 m de profondeur.
Des poules pour couver les bombes
Le projet Blue Peacock, bien que prometteur au départ (du point de vue britannique), a rapidement commencé à poser quelques problèmes. L’un des premiers dilemmes rencontrés était de savoir comment faire exploser ces nouvelles mines terrestres nucléaires. Une option, rapportée par Popular Mechanics, était d’enterrer à la hâte chaque mine terrestre avec une minuterie de huit jours au moment où l’ennemi commençait à avancer. Une autre était d’activer les bombes à distance, tandis qu’une troisième option proposait de les programmer pour qu’elles explosent dans les dix secondes après la découverte.
La météo posait également problème. Dans le nord de l’Allemagne, il faisait en effet particulièrement froid l’hiver. Les températures tombaient régulièrement en dessous de zéro. De telles conditions faisaient alors craindre un éventuel enrayement du mécanisme. Les ingénieurs auraient d’abord suggéré d’envelopper chaque bombe de sept tonnes dans des oreillers en fibre de verre pour les garder au chaud, puis ils eurent une autre idée : placer des poules à l’intérieur du boîtier de chaque bombe avec juste assez de nourriture pour tenir environ huit jours, une durée suffisante pour une éventuelle opération planifiée juste avant une invasion de troupes en marche. La chaleur corporelle générée par les volatiles aurait alors gardé chaque mine au chaud.
Trop risqué
Les ingénieurs ont construit deux prototypes et l’armée britannique a même commandé dix de ces armes en 1957. Finalement, cette approche fut jugée trop hasardeuse. Les inquiétudes concernant les retombées radioactives et la potentielle destruction du territoire de leurs alliés dissuadèrent en effet l’état-major britannique d’y recourir après quatre années de développement.
Le projet Blue Peacock resta secret pendant des décennies avant d’être finalement déclassifié en 2004. Pour ne rien arranger, l’information fut publiée le 1er avril de cette année-là, amenant de nombreuses personnes à se demander s’il ne s’agissait d’une étrange boutade.