La Grande Tache rouge de Jupiter est plus profonde que prévu

le point rouge de Jupiter centre de pertubations atmospherique. Credits : NASA/JPL-Caltech/SwRI/MSSS/Gerald Eichstädt /SeĂ¡n Doran

Il est difficile d’apprĂ©hender l’ampleur de la Grande Tache rouge de Jupiter tant la tempĂªte est grosse. Il s’avère que cet Ă©norme vortex n’est pas seulement large : il est aussi beaucoup plus profond que prĂ©vu.

CoincĂ©e entre deux convoyeurs qui se dĂ©placent dans des directions opposĂ©es la menant Ă  Ă©voluer dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, la Grande Tache rouge de Jupiter perdure depuis plus de 400 ans. Large d’environ 16 000 km, c’est le plus grand vortex atmosphĂ©rique du Système solaire. Mais Ă  quelle profondeur s’enfonce-t-il ? De nouveaux travaux rendus possibles grĂ¢ce Ă  la sonde Juno, qui Ă©volue toujours dans le système jovien, ont rĂ©cemment permis de l’estimer. Ces recherches ont fait l’objet d’une Ă©tude publiĂ©e dans la revue Science.

Mesures gravitationnelles

Pour ces travaux, le Dr Marzia Parisi et son Ă©quipe se sont appuyĂ©s sur le mouvement du vaisseau spatial lui-mĂªme. Alors que Juno survolait la Grande Tache rouge, des anomalies gravitationnelles dues Ă  des densitĂ©s localisĂ©es modifiaient lĂ©gèrement la vitesse de son orbite autour de la planète. Ces mesures de gravitĂ© peuvent alors Ăªtre utilisĂ©es pour dĂ©terminer la profondeur de la structure atmosphĂ©rique.

Munis de ces informations, les chercheurs ont alors dĂ©tectĂ© suffisamment de fluctuations dans le champ gravitationnel de Jupiter pour estimer la profondeur de la tempĂªte : environ 500 kilomètres, soit quelques dizaines de kilomètres plus profond que ce qui avait Ă©tĂ© estimĂ© prĂ©cĂ©demment. Ă€ titre de comparaison, c’est plus profond que la distance sĂ©parant la surface de la Terre de la Station Spatiale internationale.

Enfin, rappelons que la Grande Tache rouge se retrouve coincĂ©e entre deux convoyeurs qui se dĂ©placent dans des directions opposĂ©es. Ces courants-jets, qui englobent la tempĂªte, peuvent se dĂ©placer Ă  près de 350 km/h, continuant ainsi Ă  nourrir l’élan dans le vortex. Ce que nous apprend Ă©galement cette Ă©tude, c’est que ces deux courants s’enfoncent six fois plus profondĂ©ment que les racines de la Grande Tache rouge.

Ces jets Ă©tant cruciaux pour alimenter la Grande Tache rouge,  ces diffĂ©rences de profondeur ajoutent ainsi au mystère entourant la façon dont l’atmosphère jovienne peut produire des tempĂªtes aussi spectaculaires.

jupiter grande tache rouge
Photo de Jupiter par Juno prise par le sud. CrĂ©dits : NASA/JPL-Caltech/SwRI/MSSS/Gerald Eichstädt /SeĂ¡n Doran

La mission se poursuit

Rien n’est Ă©ternel. Nous savons en effet que la Grande Tache rouge de Jupiter ne cesse de rĂ©trĂ©cir. Ă€ la fin des annĂ©es 1800, la tempĂªte mesurait en effet quatre fois le diamètre de la Terre. Au passage de Voyager 2 en 1979, le vortex s’était dĂ©jĂ  rĂ©duit Ă  un peu plus de deux fois la largeur de notre propre planète. DĂ©sormais, il ne fait que 1,3 fois la taille de la Terre . Selon certaines estimations, elle pourrait donc Ăªtre amenĂ©e Ă  disparaĂ®tre.

En attendant, rappelons que la mission de Juno, qui effectue de longues orbites en boucle autour de Jupiter depuis 2016, a rĂ©cemment Ă©tĂ© prolongĂ©e jusqu’en 2025. Si tout se passe comme prĂ©vu, la trajectoire orbitale de la sonde la mènera bientĂ´t au-dessus du pĂ´le nord de la planète. Ses instruments pourront alors observer et analyser d’autres curiositĂ©s telles que les cyclones polaires. De nouveaux survols de Io et Europe sont Ă©galement prĂ©vus.