Il est difficile d’appréhender l’ampleur de la Grande Tache rouge de Jupiter tant la tempête est grosse. Il s’avère que cet énorme vortex n’est pas seulement large : il est aussi beaucoup plus profond que prévu.
Coincée entre deux convoyeurs qui se déplacent dans des directions opposées la menant à évoluer dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, la Grande Tache rouge de Jupiter perdure depuis plus de 400 ans. Large d’environ 16 000 km, c’est le plus grand vortex atmosphérique du Système solaire. Mais à quelle profondeur s’enfonce-t-il ? De nouveaux travaux rendus possibles grâce à la sonde Juno, qui évolue toujours dans le système jovien, ont récemment permis de l’estimer. Ces recherches ont fait l’objet d’une étude publiée dans la revue Science.
Mesures gravitationnelles
Pour ces travaux, le Dr Marzia Parisi et son équipe se sont appuyés sur le mouvement du vaisseau spatial lui-même. Alors que Juno survolait la Grande Tache rouge, des anomalies gravitationnelles dues à des densités localisées modifiaient légèrement la vitesse de son orbite autour de la planète. Ces mesures de gravité peuvent alors être utilisées pour déterminer la profondeur de la structure atmosphérique.
Munis de ces informations, les chercheurs ont alors détecté suffisamment de fluctuations dans le champ gravitationnel de Jupiter pour estimer la profondeur de la tempête : environ 500 kilomètres, soit quelques dizaines de kilomètres plus profond que ce qui avait été estimé précédemment. À titre de comparaison, c’est plus profond que la distance séparant la surface de la Terre de la Station Spatiale internationale.
Enfin, rappelons que la Grande Tache rouge se retrouve coincée entre deux convoyeurs qui se déplacent dans des directions opposées. Ces courants-jets, qui englobent la tempête, peuvent se déplacer à près de 350 km/h, continuant ainsi à nourrir l’élan dans le vortex. Ce que nous apprend également cette étude, c’est que ces deux courants s’enfoncent six fois plus profondément que les racines de la Grande Tache rouge.
Ces jets étant cruciaux pour alimenter la Grande Tache rouge, ces différences de profondeur ajoutent ainsi au mystère entourant la façon dont l’atmosphère jovienne peut produire des tempêtes aussi spectaculaires.
La mission se poursuit
Rien n’est éternel. Nous savons en effet que la Grande Tache rouge de Jupiter ne cesse de rétrécir. À la fin des années 1800, la tempête mesurait en effet quatre fois le diamètre de la Terre. Au passage de Voyager 2 en 1979, le vortex s’était déjà réduit à un peu plus de deux fois la largeur de notre propre planète. Désormais, il ne fait que 1,3 fois la taille de la Terre . Selon certaines estimations, elle pourrait donc être amenée à disparaître.
En attendant, rappelons que la mission de Juno, qui effectue de longues orbites en boucle autour de Jupiter depuis 2016, a récemment été prolongée jusqu’en 2025. Si tout se passe comme prévu, la trajectoire orbitale de la sonde la mènera bientôt au-dessus du pôle nord de la planète. Ses instruments pourront alors observer et analyser d’autres curiosités telles que les cyclones polaires. De nouveaux survols de Io et Europe sont également prévus.