Les 20 plus importants producteurs de viande et de lait émettent autant de CO2 que l’Allemagne

elevage porcs
Crédits : EPA

Il y a peu, une fondation politique allemande et une association française de protection de l’Homme et de l’Environnement se sont associées pour publier une vaste étude. Ces travaux révèlent les émissions de CO2 des vingt plus importantes entreprises mondiales de la viande et du lait sur une année.

Un constat préoccupant

Après un premier rapport en 2015, la Fondation Heinrich-Böll et l’association Les Amis de la Terre ont publié leur nouvel Atlas de la Viande le 8 septembre 2021. Ensemble, ces entités ont passé en revue la production et la consommation de viande dans le monde. Or, les chiffres sont plutôt alarmants : les vingt plus imposantes entreprises du secteur de la viande et du lait émettent en effet 932 millions de tonnes d’émissions d’équivalent CO2 par an. Cette quantité est équivalente à celle des émissions d’un pays tel que l’Allemagne.

La multinationale brésilienne JBS détient ici la palme. Il s’agit ni plus ni moins du plus grand groupe de transformation de viande au monde, responsable d’un quart du total des émissions du secteur. Sur les deux autres marches du podium, nous retrouvons ensuite les entreprises américaines Tyson et Cargill. Les émissions de ces trois géants combinées à celles des coopératives laitières Dairy Farmers of America (États-Unis) et Fonterra (Nouvelle-Zélande) sont plus importantes que celles de poids lourds de l’industrie pétrolière tels que Exxon, Shell ou BP.

« Pas un seul gouvernement n’exige que les producteurs de viande documentent leurs émissions ou normalisent leurs objectifs de réduction des émissions afin de permettre des comparaisons au sein du secteur », peut-on ainsi lire dans le rapport.

carte production viande lait
Crédits : Atlas de la Viande 2021

L’amélioration n’est pas à l’ordre du jour

La situation est d’autant plus préoccupante que la consommation de viande semble augmenter de façon inexorable. Selon l’ONU, 14,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre proviennent de l’élevage. Par ailleurs, cette industrie est responsable de l’abatage de 75 milliards d’animaux pour une production annuelle que l’on estime à 325 millions de tonnes de viande. Évoquons également l’OCDE, prévoyant une augmentation de quarante millions de tonnes de cette production d’ici à 2029.

L’Atlas de la Viande 2021 fait également la lumière sur l’augmentation de l’impact environnemental des ressources destinées à l’alimentation animale comme le soja. Aujourd’hui, cette plante est cultivée sur environ 1,2 million de km², une superficie trois fois plus importante que celle de l’Allemagne. Or, 90 % de ces cultures se destinent à l’alimentation du bétail. Or, cette augmentation de la superficie des cultures s’accompagne aussi d’une hausse de la déforestation et des menaces concernant la biodiversité.

En 2019, une lettre signée par une cinquantaine de chercheurs confirmant les conclusions d’un rapport du GIEC publié la même année rappelait la nécessité de se détacher du bétail pour lutter contre la crise climatique. Ceci passe par une volonté de repenser notre production alimentaire.