Sommes-nous à l’aube d’une nouvelle ère géologique ?

Crédits : iStock

Des scientifiques ont identifié une explosion soudaine de la diversité minérale sur la surface de notre planète et l’Homme en serait responsable. Cela pousse les chercheurs a considérer que nous sommes bel et bien entrés dans une nouvelle ère : l’Anthropocène.

Une nouvelle étude publiée dans la revue American Mineralogist constate l’incroyable essor de nouveaux minéraux (208 au total) apparus en un temps géologique extrêmement court à l’époque de la révolution industrielle. Ils ont conduit à une diversification sans précédent des cristaux sur Terre, éclipsant même la Grande Oxydation survenue il y a 2,3 milliards d’années. Selon l’étude scientifique, l’activité humaine serait responsable au total de l’apparition récente de 4 % des 5 200 minéraux officiellement reconnus par l’International Mineralogical Association (IMA). Ce constat renforce l’argument scientifique qui désigne comme anthropocène notre époque géologique caractérisée par l’impact omniprésent des humains.

La plupart de ces minéraux attribués aux activités humaines proviennent des mines dans les décharges de minerais, sur les murs des tunnels, dans l’eau des mines ou les structures en bois ou des incendies survenus dans les mines. Six ont été trouvés sur les murs de fonderies, trois formés dans la plomberie d’une installation de géothermie. À cause de l’activité humaine, certains minéraux peuvent aussi se produire naturellement. Trois minéraux appartenant à cette catégorie ont été découverts dans les artefacts corrodés de plomb d’une épave de navire tunisienne, deux dans des artefacts de bronze en Égypte et deux dans des artefacts d’étain au Canada. La liste ne comprend pas les nouveaux minéraux qui ont été délibérément synthétisés par l’Homme tels que ceux produits dans les aimants, les batteries et les pierres précieuses synthétiques. Malgré tout, une explosion minérale aussi soudaine souligne au moins une chose : l’Homme façonne le monde à rythme sans précédent.

« Il a fallu 4,5 milliards d’années pour que des éléments minéraux se combinent naturellement, à un endroit, à une profondeur et à une température précises pour former les plus de 5 200 minéraux reconnus officiellement aujourd’hui », explique Robert Hazen, coauteur de cette étude. « La plupart d’entre eux sont apparus depuis la “grande oxydation”, il y a 2 milliards d’années et 208 sur ces 5 200 ont été produits directement ou indirectement par les activités humaines, principalement depuis le milieu du XVIIIe siècle. Nous pensons que bien d’autres sont en voie de formation au même rythme effréné », poursuit le chercheur. « En effet, 250 ans par rapport à 2 milliards d’années, c’est la différence entre un clin d’œil (un tiers de seconde) et un mois. Autrement dit, nous vivons dans une ère de diversification rapide des composés inorganiques qui est sans précédent. En effet, si la “grande oxydation” représente comme une virgule dans l’histoire de la planète, l’énorme impact géologique de l’anthropocène est un point d’exclamation », image-t-il.

Ainsi, nous serions entré de plain-pied dans une nouvelle période géologique marquée par la capacité de l’humanité à transformer la géologie de la planète Terre à un rythme effréné même si celle-ci n’est à ce jour pas encore reconnue par la communauté scientifique. Elle succède ainsi à l’holocène, une période géologique dans laquelle nous vivons depuis 11 500 ans.

Source