Des outils vieux de 385 000 ans suggèrent que des humains ont quitté l’Afrique plus tôt qu’on ne le pensait

Crédits : Nature volume 554

La découverte en Inde d’outils sophistiqués vieux de 380 000 ans suggère que les premiers humains ont peut-être quitté l’Afrique beaucoup plus tôt qu’on ne le pensait. L’Histoire de l’humanité devra-t-elle encore être repensée ?

Jusqu’à preuve du contraire, et en tant que membres de l’espèce Homo Sapiens Sapiens, nous sommes tous des enfants d’Afrique, produits de millions d’années d’histoire évolutionnaire partagée. Mais cette histoire contient encore de nombreux manques et de blancs à combler. L’une des plus grandes questions auxquelles est aujourd’hui confrontée la paléoanthropologie consiste notamment à déterminer comment et quand les premiers humains modernes ont quitté le continent.

Une découverte récente d’un fossile de mâchoire en Israël suggérait il y a peu qu’il pourrait y avoir eu une migration il y a environ 180 000 ans. Mais était-ce la première ? Une nouvelle étude, publiée dans la revue Nature, suggère que les premiers humains ont peut-être quitté l’Afrique beaucoup plus tôt que cela. La nouvelle recherche rapporte en effet la découverte d’outils datant du Paléolithique moyen (il y a 200 000 à 40 000 ans) dans l’État du Tamil Nadu, en Inde. Étonnamment, ces petits outils seraient vieux d’au moins 385 000 ans, époque où ces mêmes outils étaient développés par les humains archaïques (ou peut-être modernes) en Afrique.

La découverte remet ainsi en question la thèse soutenue par la plupart des chercheurs, selon laquelle les humains modernes ont introduit ces technologies en Inde il y a moins de 140 000 ans.

Exemples d’outils récupérés par les archéologues sur le site d’Attirampakkam.
Crédits : Crédits : Nature volume 554

Des fouilles effectuées par une équipe de chercheurs indiens à Attirampakkam, sur les rives de la rivière Kortallaiyar au nord-est du Tamil Nadu, ont en effet révélé la présence de nombreux outils en pierre. Ces derniers étaient piégés dans les sédiments déposés par les cours d’eau qui traversaient la région pendant la préhistoire. Le site semble avoir été occupé sporadiquement par des singes et des hominidés précoces antérieurs à l’Homo sapiens, il y a 1,7 million d’années. En utilisant la technique de datation par luminescence stimulée optiquement – qui identifie la dernière fois que les grains de sédiments ont été exposés à la lumière – les auteurs ont en revanche déterminé que les limons et graviers qui contiennent les outils étaient datés à environ 385 000 années.

Ces derniers ont été fabriqués selon la méthode Levallois – une technique complexe qui permet la production de pointes et de lames de pierre. Ces outils repoussent ainsi les origines de la technologie du Paléolithique moyen en Inde. Des études antérieures dataient cette même origine à environ 140 000 ans. Ces nouveaux résultats pourraient signifier deux choses : soit des humains archaïques en Inde ont développé une telle technologie par leurs propres moyens, soit des humains modernes ont quitté l’Afrique beaucoup plus tôt que ne le suggèrent les preuves archéologiques et paléontologiques récentes.

D’autres travaux menés à Attirampakkam pourraient nous permettre de départager ces deux hypothèses. Le problème en Inde, c’est que les fossiles se font rares.

Source