À la fois tirée et repoussée, la Voie Lactée file à la vitesse vertigineuse de 2 millions de km/h

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Vous ne vous en rendez pas compte, mais notre galaxie file à la vitesse vertigineuse de plus 2 millions de km/h. Comment ? Alors qu’un superamas de galaxies attire la Galaxie, un immense vide extragalactique semble en même temps nous « repousser ».

Vous ne pouvez pas le sentir, mais notre planète orbite autour du Soleil à une vitesse d’environ 100 000 km/h. Mais ce que nous pourrions encore moins sentir, c’est que la Galaxie se déplace à travers l’espace à la vitesse phénoménale de 2 millions de km/h, soit environ 630 km par seconde. Et les scientifiques pourraient enfin savoir pourquoi.

En face de nous, à quelque 600 années-lumière dans la Constellation du Centaure, se trouve le superamas de Shapley découvert il y a peu qui compte plus de deux douzaines d’amas de galaxies. Cette zone très dense en matière combinée au « Grand Attracteur », une région d’environ 6 amas de galaxies situés à 150 millions d’années-lumières, attire toutes les galaxies sous l’effet de la gravitation de sa région cosmique dont nous faisons partie. Or, ce gigantesque « attracteur » ne suffit pas à expliquer totalement le mouvement de la Voie Lactée qui ne pointe pas exactement dans sa direction comme cela devrait être le cas. L’hypothèse de l’existence d’un « vide » extragalactique quasiment dépourvu de matière visible et invisible a alors commencé à être avancée.

« Si vous créez un vide dans une région de l’Univers, les éléments qui se trouvent en périphérie vont s’éloigner, car ils vont être attirés par d’autres régions sous l’effet de la gravitation », explique à l’AFP Daniel Pomarède, ingénieur-chercheur au CEA (Commissariat à l’énergie atomique) français, coauteur de l’étude parue lundi dans Nature Astronomy. En cartographiant en 3D les courants de près de 8 000 galaxies proches à travers l’espace, l’équipe de chercheurs menée par Yehuda Hoffman, de l’Université hébraïque de Jérusalem, et une équipe internationale d’astrophysiciens ont en effet découvert que notre Voie lactée s’éloignait à grande vitesse d’une vaste région très peu dense, jusqu’alors non identifiée. Une sorte de « zone morte » baptisée Dipole Repeller (Répulseur du dipôle) qui « repousse » la Voie Lactée comme si elle n’en voulait pas.

Ainsi, notre galaxie se retrouve à la fois tirée et poussée vers la Concentration de Shapley. Cette découverte permet selon les chercheurs d’expliquer à la fois la direction et l’amplitude du mouvement de notre galaxie, l’attracteur et le repousseur contribuant de manière à peu près égale au mouvement de notre galaxie. Une sorte de gigantesque » histoire d’amour et de haine, d’attraction et de répulsion« , conclut Yehuda Hoffman.