L’analyse de dents de chameaux et de bisons éteints découverts dans le centre de l’Oregon suggère que des humains modernes vivaient en Amérique du Nord il y a 18 250 ans. Si d’autres dates antérieures d’occupation humaine de la région ont déjà été proposées, cette nouvelle découverte semble confirmer que nos ancêtres ont atteint la région plus tôt que prévu.
À partir de quel moment les premiers humains ont-ils commencé à migrer vers les Amériques ? Les chercheurs s’interrogent sur la question depuis plus d’un siècle. Pendant longtemps, on a supposé qu’aucun humain n’était présent sur le continent jusqu’à il y a environ 13 000 ans. Cependant, au fil du temps, les preuves génétiques et archéologiques ont repoussé cette date de plus en plus loin.
Récemment, un ensemble d’empreintes de pas isolé au Nouveau-Mexique aurait en effet été daté à 23 000 ans. Il y a quelques jours, l’analyse des restes osseux d’un paresseux géant éteint transformés en pendentifs suggérait également que les premiers humains étaient arrivés en Amérique du Sud 2 000 ans plus tôt. Cependant, de nombreux archéologues trouvent encore ces preuves circonstancielles, ce qui nous ramène à ces nouveaux travaux.
Les humains présents en Oregon il y a plus de 18 000 ans
Les archéologues ont fait cette nouvelle découverte en 2011 sur le site de Rimrock Draw. Il s’agit d’un abri sous roche isolé dans l’Oregon. Les premières investigations avaient permis la découverte de plusieurs outils en pierre de la période paléo-indienne (15 000 av. J.-C. à 7 000 av. J.-C.), dont l’un contenait du sang de bison séché. Cela signifiait que les humains massacraient le gibier de la période glaciaire dans le nord-ouest du Pacifique bien plus tôt que prévu.
Néanmoins, des fouilles supplémentaires ont révélé la présence de couches de sédiments encore plus anciennes. Dans le cadre de cette étude, des chercheurs ont testé directement plusieurs échantillons de l’émail des dents d’un Camelops (un chameau disparu) et d’un bison isolés dans ces couches pour obtenir des datations solides. Ces analyses ont finalement révélé que cet abri sous roche était probablement fréquenté par les humains il y a 18 250 ans.
Ce travail devra maintenant résister à l’examen par des pairs. Cependant, il y a fort à parier que ces résultats seront confirmés. Une partie de l’évaluation sera notamment axée sur les méthodes de datation. Or, l’émail peut être facilement daté au carbone 14. Cette approche, souvent considérée comme l’étalon-or en archéologie, est précise pour des dates aussi lointaines que 60 000 ans.
Par ailleurs, nous savons que le calcaire peut fausser la datation au carbone d’un échantillon d’émail (le rendre plus ancien qu’il ne l’est), tandis que trop de pluie ou d’eau souterraine s’infiltrant dans un échantillon peut le faire paraître plus jeune. Néanmoins, cet abri sous roche est surtout composé de basalte plutôt que de calcaire. Et a priori, les chercheurs n’ont relevé aucune autre source de contamination supplémentaire sur les échantillons testés.