Des preuves de cannibalisme chez l’homme de Neandertal

Crédits : Wikipedia Commons

Une équipe internationale de chercheurs a procédé à une analyse plus poussée d’ossements retrouvés au XIXe siècle dans les grottes de Goyet, en Belgique. Des analyses qui apportent des preuves de cannibalisme chez l’homme de Neandertal.

Disparu il y a 40 000 ans, l’homme de Neandertal qui a précédé notre ancêtre direct (l’homme de Cro-Magnon) ne se limitait pas à la consommation de viande de chevaux ou de rennes pour se nourrir. Une étude récente menée par une équipe internationale nous en apprend davantage sur son régime alimentaire et notamment sur la pratique du cannibalisme. Une conclusion tirée après avoir analysé de manière plus poussée des ossements trouvés par Édouard Dupont, précurseur de la paléontologie, au XIXe siècle dans les grottes de Goyet situées dans l’actuelle Belgique.

« C’est irréfutable, ici aussi on pratiquait le cannibalisme », explique l’archéologue belge Christian Casseyas. Parmi ces ossements humains qui dormaient dans les réserves du Musée royal d’Histoire naturelle de Belgique (devenu l’Institut des Sciences naturelles de Bruxelles), certains issus de six individus (un nouveau-né, un enfant et quatre adultes/adolescents) présentent des traces de découpe « pour les désarticuler et en enlever la chair », ajoute Christian Casseyas.

Les Néandertaliens ont « cassé ces os de la même manière qu’ils cassaient ceux des rennes et des chevaux qu’on a trouvés à l’entrée de la grotte, certainement pour en extraire la moelle », ajoute l’archéologue. « On peut conclure que certains Néandertaliens sont morts et ont été mangés ici ». Il s’agit d’une grande première en Europe du Nord selon Hélène Rougier, anthropologue en charge de l’étude publiée dans la revue Scientific Reports. Si des cas de cannibalisme avaient déjà été prouvés, il s’agissait de populations établies dans le sud de l’Europe, en Espagne (El Sidrón et Zafarraya) et en France (Moula-Guercy et Les Pradelles).

Pour ce qui est des motivations derrière ce cannibalisme chez l’homme de Neandertal, l’anthropologue ne les connaît pas. « Était-ce systématique ? Est-ce que ça n’a été qu’à certains moments particuliers ? Je ne sais pas non plus interpréter la raison qui était derrière ce cannibalisme. Ça peut être purement alimentaire, mais ça peut être aussi symbolique… La raison reste ouverte ».