Une mise à jour récente du cadre des limites planétaires révèle que six de ces neuf limites sont transgressées. Cela signifie que la Terre se trouve désormais bien en dehors de l’espace opérationnel sûr pour l’humanité.
Un équilibre délicat
Depuis plus de trois milliards d’années, la Terre a été le théâtre d’interactions complexes entre la vie et le climat. Ces interactions jouent en effet un rôle essentiel dans la régulation des conditions environnementales sur notre planète. L’une des plus fondamentales est probablement la photosynthèse, un processus par lequel les plantes et les organismes photosynthétiques convertissent la lumière solaire en énergie chimique. Ce processus a en effet conduit à la production d’oxygène dans l’atmosphère terrestre, ce qui a eu un impact majeur sur la composition chimique de l’atmosphère et, par conséquent, sur le climat.
La vie, en particulier les plantes et les océans, joue également un rôle clé dans le cycle du carbone. Les forêts, océans et autres écosystèmes terrestres contribuent aussi à la régulation des températures en absorbant et en réfléchissant la chaleur solaire. Il est donc essentiel de comprendre ces interactions pour gérer efficacement les ressources naturelles, atténuer les changements climatiques et préserver la biodiversité.
Contenir ces interactions
Comprendre ces interactions implique cependant également d’appréhender tous les facteurs qui les influencent, ce qui nous ramène aux activités humaines. Elles impliquent le remplacement de la nature par d’autres utilisations des terres, la modification de la quantité d’eau disponible, l’introduction de produits chimiques synthétiques dans l’environnement ou encore l’émission de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
Il devient de plus en plus urgent de contenir ces interactions pour éviter des changements dramatiques susceptibles de compromettre la capacité de la Terre à soutenir notre présence comme ce fut le cas au cours de ces 12 000 dernières années. Au cours de cette période, la Terre a en effet connu une période relativement stable sur le plan climatique tout en favorisant le développement des civilisations humaines.
Des limites planétaires
Dans le cadre de travaux récents, les chercheurs se basent sur neuf « frontières planétaires ». Elles représentent les composantes de l’environnement qui régulent la stabilité et l’habitabilité de la planète pour les humains. Concrètement, le degré de dépassement de leurs niveaux limites est causé par les activités humaines.
L’un des enjeux les plus essentiels dans ce type de recherche est de s’appuyer sur les données disponibles plus récentes et pertinentes sur le fonctionnement du système terrestre dans le but d’identifier un « espace opérationnel sûr » pour l’humanité. Au sein de cet espace, nous pourrions être autorisés à avoir un impact sur les processus critiques, mais sans forcément risquer de déclencher des changements irréversibles dans les conditions terrestres. Or, les chercheurs ont malheureusement ici déterminé que six des neuf frontières proposées sont d’ores et déjà transgressées. En outre, cette mise à jour, réalisée par 29 scientifiques de huit pays différents, suggère que cette transgression augmente pour toutes les frontières, à l’exception de la dégradation de la couche d’ozone terrestre.
La « pression artérielle » de la Terre est trop élevée
« Franchir six frontières en soi n’implique pas nécessairement qu’une catastrophe entraînera une autre catastrophe, mais c’est un signal d’alarme clair« , souligne Katherine Richardson, de l’Université de Copenhague et principale auteure de l’étude. « Considérez cela comme nous le faisons pour notre propre tension artérielle. Une tension artérielle supérieure à 120/80 ne garantit pas une crise cardiaque, mais elle augmente le risque d’en avoir une« .
Pour les auteurs, un monde qui se développe dans les limites définies par la science est donc le seul moyen de faire face à notre situation actuelle avec des risques croissants potentiellement catastrophiques à l’échelle planétaire. Ainsi, l’enjeu est simple : pour notre propre bien et celui de nos enfants, nous devons réduire la pression sur ces six frontières planétaires.
Les détails de ces travaux sont publiés dans la revue Science Advances.