C’est une étude menée sur 960 articles qui révèle ce chiffre alarmant. Rassurez-vous, il s’agit d’erreurs honnêtes. En effet, la faute reviendrait aux différentes imprimantes utilisées lors des duplications. Celles-ci ne sont pas assez précises !
« Une image vaut mille mots » – Confucius.
Et pourtant, il semble que pour mieux comprendre certains articles, mieux vaut les lire. Les résultats de cette étude permettent d’affirmer que le système actuel des publications scientifiques présente une faille.
Des reproductions papier qui ne sont pas assez fiables
Ce ne sont pas les résultats des études que les scientifiques pointent du doigt, mais les reproductions qui en découlent. En effet, avant qu’un papier paraisse, il semble qu’aucun contrôle sur la qualité de la reproduction des figures n’est réalisé.
De plus, certaines figures vont être dupliquées en passant de bureau en bureau au sein du journal. Tant et si bien que la photo finale dans l’article ne sera pas de bonne qualité et pourrait même avoir subi des modifications majeures.
I will be continuing my "live" image duplication search. In yesterday's thread I scanned the first 42 papers, all from the same journal, same month, and I found 5 papers with potential duplications.
Today I have started with #43.
The first potential problem is in paper #48. pic.twitter.com/An7E6HOpr4— Elisabeth Bik (@MicrobiomDigest) July 2, 2018
Une étude menée sur 960 articles
L’étude a été conduite par 5 scientifiques :
- Arturo Casadevall
- Elisabeth M. Bik
- Ferric C. Fang
- Amy Kullas
- Roger J. Davis
Ces 5 personnes ont utilisé comme échantillon des articles parus dans la revue Molecular and Cellular Biology (MCB) entre 2009 et 2016. Leurs résultats démontrent que sur les 960 articles, 59 doivent être corrigés à cause d’erreurs dans la duplication des figures. Cela représente 6,1 % des articles.
Un rédacteur en chef réactif
Finalement, une fois que l’équipe de scientifiques a signalé les problèmes au rédacteur en chef du journal, les auteurs de chaque article ont été contactés au sujet des problèmes signalés. Cette action des scientifiques a entraîné 42 corrections, dont cinq rétractions complètes et 12 cas dans lesquels aucune mesure n’a pu être prise pour plusieurs raisons : la fermeture de laboratoire et la quantité de temps qui s’est écoulé depuis la parution.
Des rétractations qui posent un problème
Dans le cas des rétractations, on peut s’interroger sur la fiabilité et l’honnêteté des auteurs. En effet, ce que montre l’étude, c’est que ces images ont subi tellement de manipulations qu’elles ne sont plus justes. Il se peut donc aussi que certaines images aient été intentionnellement retouchées. Mais rien ne permet d’affirmer de telles choses aujourd’hui.
De plus, même s’il s’agit de seulement 5 articles sur un échantillon de 960, ces analyses remettent en question la fiabilité et la crédibilité de la Science publiée dans des revues imprimées.
« Si cette proportion est représentative, alors pas moins de 35 000 articles dans la littérature sont candidats à la rétractation en raison de la duplication de l’image », affirment les scientifiques.
Une étude qui sert d’avertissement
Paper #8 has this blot – left and right columns represent different cell lines, but the mTOR blots look very similar. They are cropped differently and have different grey scales, but their shape is very similar. pic.twitter.com/D7dk0uy7Op
— Elisabeth Bik (@MicrobiomDigest) July 2, 2018
La professeure Bik avait déjà réalisé une étude similaire sur des articles biomédicaux. Il était alors conclu que 4 % des articles présentaient des affirmations fausses.
« Des études comme la nôtre sont destinées à sensibiliser les éditeurs et leurs pairs relecteurs », a déclaré Bik. « Rattraper ces erreurs avant la parution est une bien meilleure stratégie qu’après la publication. »
En effet, car après le signalement auprès de l’éditeur, il a fallu pas moins de 6 heures pour traiter les différentes informations remises en question. Cela aurait pris à peine 30 minutes pour corriger les fautes si la correction avait eu lieu avant la publication.
Elle affirme ensuite « Je m’attends aussi, malheureusement, à ce que les gens qui veulent vraiment commettre des actes d’inconduite scientifique s’améliorent à la retouche d’image et génèrent des illustrations qui ne peuvent pas être reconnues comme fausses à l’œil nu ». Ainsi, son étude est destinée à la sensibilisation des éditeurs et des relecteurs d’articles.
Comme vous avez pu le voir dans l’article, la professeure Bik publie de façon quotidienne ses recherches sur Twitter. Elle ne donne jamais – ou très rarement – les noms des auteurs ou des journaux. Ce que la scientifique veut faire par ce biais, c’est continuer d’avertir et de sensibiliser : elle-même ne condamne pas les revues.
Source : ScienceAlert – BioRxiv
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