Les premiers mammouths hybrides pourraient voir le jour dans deux ans

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Des chercheurs planchent depuis quelques années à ramener le mammouth laineux à la vie grâce au génie génétique, plus de 4 000 ans après sa disparition. Selon Georges Church, qui dirige ce projet de « dé-extinction », les premiers animaux hybrides pourraient voir le jour « dans quelques années, peut-être même deux ans ».

Les restes d’un mammouth laineux vieux de 28 000 ans retrouvé en mai 2013 en plein cÅ“ur de la toundra sibérienne étaient à l’époque synonyme d’avancée pour la recherche, constituant un véritable trésor pour les scientifiques. Le bon état de conservation de l’animal emprisonné dans la glace, couplé aux méthodes de clonage actuelles, relançait alors l’espoir des spécialistes de voir un jour le cousin de notre éléphant moderne peupler de nouveau les plaines de Sibérie. Mais qu’en est-il aujourd’hui ?

Ramener à la vie le mammouth laineux est aujourd’hui possible. C’est en tout cas ce que soutient George Church, professeur de génétique et directeur du National Institutes of Health Center of Excellence in Genomic Science à Harvard. La méthode proposée consiste à remplacer par des fragments d’ADN de l’animal disparu certaines parties du génome séquencé d’une espèce proche et encore vivante – ici, l’éléphant d’Asie – afin de doter ce dernier de caractéristiques semblables à celle du mammouth.

Interrogé il y a quelques jours par The Guardian, le généticien expliquait alors que l’animal hybride ressemblerait davantage à nos éléphants modernes avec un certain nombre de traits gigantesques. « Nous n’en sommes pas encore là, disait-il, mais cela pourrait se produire dans quelques années, peut-être deux ». Nous sommes encore donc loin de pouvoir contempler les mammouths laineux tels qu’ils sont décrits dans nos livres d’Histoire, en itinérance dans les plaines glacées de Sibérie. Ce que l’équipe vise à créer, ce sont donc des éléphants qui porteraient certains des gènes distinctifs d’espèces aujourd’hui éteintes.

Le but des chercheurs est ici d’extraire des cellules sous-cutanées d’un éléphant d’Asie pour ensuite utiliser l’outil d’édition du gène CRISPR / cas9 pour insérer des gènes de mammouth laineux dans le génome. Les chercheurs utiliseront ensuite l’ovule d’un éléphant d’Asie dont le noyau d’origine aura été retiré; le but étant ensuite de raccorder les cellules de la peau génétiquement modifiées avec la cellule d’oeuf sans noyau. Ces Å“ufs seront artificiellement stimulés pour activer le développement d’embryons. Une fois ceux-ci développés à un stade précoce, l’objectif est de les insérer dans des utérus artificiels plutôt que dans ceux de femelles éléphantes pour les amener à terme.

« Nous espérons faire toute la procédure ex-vivo (à l’extérieur d’un corps vivant) » explique le généticien. « Il serait déraisonnable de mettre la reproduction des femelles à risque alors que l’espèce est en voie de disparition ». Seulement, à ce jour, aucun mammifère n’est arrivé à terme à l’extérieur d’un utérus naturel. Georges Church se dit pourtant confiant, affirmant que son équipe a déjà réussi à utiliser des utérus artificiels pour cultiver des embryons de souris jusqu’à mi-chemin de la gestation.

Malgré les questions éthiques évidentes soulevées par le projet de dé-extinction du mammouth, George Church, lui, a plusieurs bonnes raisons de croire aux bienfaits provoqués par la résurrection d’un mammouth laineux, soulignant explique l’impact positif sur l’environnement que pourrait avoir un éléphant doté des mêmes caractéristiques que son lointain cousin : un poil laineux, une graisse sous-cutanée et des glandes sébacées. Capable de résister au froid, ce nouveau mammouth aurait la faculté de rendre à la toundra son écosystème d’antan, ces prairies très sèches appelées « steppes à mammouths ». Cela éviterait notamment à cette toundra de fondre et de libérer une quantité accrue de gaz à effet de serre qui accentuerait, en partie, le réchauffement climatique.

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