Les premiers dinosaures à sang chaud ont probablement évolué à cette époque

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Reconstitution artistique d'un dromaeosaure dans la neige. Pour y survivre, il lui fallait non seulement des plumes, mais aussi la capacité de réguler sa température corporelle. Crédits : Davide Bonadonna/Université de Vigo/UCL

Depuis des décennies, la question de savoir si les dinosaures étaient à sang froid ou à sang chaud a suscité des débats animés parmi les paléontologues. Cependant, de récentes découvertes suggèrent que la thermorégulation, à savoir la capacité à réguler la température corporelle, pourrait être apparue chez certains dinosaures pour faire face à des conditions climatiques extrêmes. Cela remet ainsi en question nos notions précédentes sur ces fascinantes créatures préhistoriques.

Des dinosaures à sang chaud

Pendant des décennies, on a pensé que les dinosaures étaient des créatures à sang froid, similaires aux reptiles modernes, qui dépendent largement de l’environnement extérieur pour réguler leur température corporelle.

Cette perception était largement basée sur leur association avec les reptiles et sur l’idée que leur nom même, « dinosauria », signifie « terrible lézard ». Les lézards, qui sont des reptiles, passent en effet généralement du temps au soleil pour augmenter leur température corporelle, car ils ne sont pas capables de produire de la chaleur corporelle par eux-mêmes.

Cependant, des découvertes récentes ont remis en question cette idée. Des fossiles découverts dans des régions aux climats froids, telles que l’Antarctique, l’Alaska et l’Arctique, suggèrent en effet que certains dinosaures vivaient dans des environnements bien plus froids que ce que l’on pensait auparavant. Cette observation a conduit les scientifiques à reconsidérer la notion selon laquelle tous les dinosaures étaient des animaux à sang froid qui ne pouvaient pas réguler leur température corporelle de manière autonome.

Les preuves de l’existence de dinosaures dans des régions froides, combinées à des études sur leur physiologie et leur comportement, ont suggéré que certains dinosaures étaient en fait capables de réguler leur température interne de manière plus sophistiquée. Cette thermorégulation aurait pu être similaire à celle des mammifères et des oiseaux qui sont capables de maintenir leur température corporelle dans une certaine plage indépendamment de l’environnement extérieur.

Il est donc aujourd’hui largement accepté que certains dinosaures, en particulier les théropodes et les ornithischiens, étaient des animaux à sang chaud, ou endothermiques, mais quand cette évolution s’est-elle produite ?

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Certains dinosaures pondaient à des latitudes élevées, ce qui prouve qu’ils n’y migraient pas uniquement en été.
Crédits : Davide Bonadonna/Université de Vigo/UCL

Une adaptation vieille d’au moins 180 millions d’années

Une étude menée par le Dr Alfio Alessandro Chiarenza, de l’University College de Londres, suggère qu’elle pourrait remonter à environ 180 millions d’années. Les chercheurs sont parvenus à cette conclusion en combinant plusieurs types de données.

Tout d’abord, ils ont examiné les fossiles de dinosaures découverts dans différentes régions, notamment des endroits aux climats froids comme l’Antarctique, l’Alaska et l’Arctique. Ils ont ensuite étudié leur physiologie et leur comportement pour déterminer s’ils étaient capables de réguler leur température corporelle de manière autonome. Pour ce faire, ils ont examiné des éléments tels que la structure osseuse, la taille des yeux, les traces de croissance et d’autres caractéristiques anatomiques.

De plus, les chercheurs ont analysé les conditions environnementales de l’époque où vivaient ces dinosaures en tenant compte des changements climatiques, des extinctions de plantes et d’autres événements géologiques majeurs. Cela leur a permis de comprendre le contexte dans lequel l’adaptation à la thermorégulation aurait pu se produire.

Enfin, ils ont utilisé des modèles informatiques et des techniques d’analyse statistique pour synthétiser toutes ces données et parvenir à des conclusions sur l’évolution de la thermorégulation chez les dinosaures il y a environ 180 millions d’années.

Cette époque ancienne, qui a vu l’apparition de ces fameux dinosaures théropodes et ornithischiens, coïnciderait avec une période climatique extrême marquée par une activité volcanique intense et des extinctions de groupes de plantes. Cette adaptation aurait alors permis à ces animaux d’être plus actifs, de croître plus rapidement et de produire davantage de progénitures, favorisant ainsi leur survie dans des environnements souvent hostiles.

En revanche, les sauropodes, connus pour leur taille massive, n’ont semble-t-il pas montré de signes de thermorégulation évoluée, ce qui suggère qu’ils étaient moins adaptés aux climats froids. Bien que certains sauropodes aient finalement migré vers des latitudes plus élevées pendant le Crétacé, leur taille immense aurait pu les aider à maintenir une température corporelle relativement stable dans des conditions nocturnes plus fraîches.

L’étude est publiée dans Current Biology.