Première naissance vivante au monde d’un singe chimérique

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Le singe chimère à seulement trois jours. Crédits : Cell/Cao et al.

Une avancée significative a été réalisée avec la naissance d’un singe chimérique, un primate dont le corps est constitué de cellules génétiquement distinctes issues de deux embryons différents. Cette réalisation, longtemps convoitée dans le domaine de la recherche, a été concrétisée chez des singes cynomolgus, une espèce étroitement apparentée aux primates humains.

La naissance d’un singe chimérique : une grande première

Cette étude novatrice s’est concentrée sur les cellules souches pluripotentes naïves, qui, à un stade très précoce de développement, ont le potentiel de se différencier en n’importe quel type de cellule dans le corps. Bien que cette manipulation ait été bien démontrée chez les rongeurs, elle a présenté des défis plus importants chez d’autres espèces, notamment les primates non humains.

Les chercheurs ont choisi les singes cynomolgus, également appelés macaques à longue queue, comme modèle pour cette étude. Dans un premier temps, ils ont créé neuf lignées de cellules souches à partir d’embryons de cynomolgus âgés de sept jours. Ces cellules ont été spécialement modifiées pour émettre une fluorescence verte, facilitant ainsi leur suivi lors de leur introduction dans les tissus.

Par la suite, certaines de ces cellules souches ont été injectées dans des embryons de cynomolgus âgés de quatre ou cinq jours, puis implantées dans des singes femelles. Sur les douze grossesses et les six naissances qui en ont résulté, un seul singe serait né vivant. L’analyse des tissus de ce primate a révélé la présence de cellules dites donneuses, démontrant ainsi la capacité des cellules souches de singes à se différencier en divers types cellulaires, contribuant à la constitution des tissus de l’animal chimérique.

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Le singe chimérique de trois jours arborant des doigts fluorescents. Crédits : Cell/Cao et coll.

Quelles implications pour la recherche ?

Au-delà de cette prouesse scientifique, cette percée offre des perspectives cruciales pour la compréhension de la pluripotence chez les primates. Les informations précieuses sur la différenciation des cellules souches dans des conditions in vivo ouvrent en effet de nouvelles pistes de recherche dans le domaine de la biologie du développement.

Ces résultats pourraient aussi avoir des répercussions pratiques significatives, notamment dans les domaines du génie génétique. Pour rappel, une fois manipulées pour ressembler à des cellules embryonnaires préimplantatoires, les cellules souches pluripotentes naïves offrent la possibilité de réaliser des modifications génétiques précises. Cela pourrait ouvrir la voie à des expériences de génie génétique contrôlées sur des primates non humains qui permettraient aux chercheurs de mieux comprendre les mécanismes génétiques et de tester des approches thérapeutiques.

La création de singes chimériques offre également une opportunité unique de préserver la diversité génétique des espèces menacées. En manipulant les cellules souches, il pourrait en effet être possible de maintenir des populations génétiquement diversifiées, contribuant ainsi à la conservation de la biodiversité.

Bien que cette réalisation représente une avancée majeure, les chercheurs se concentrent désormais sur l’amélioration de leur méthode, ouvrant la voie à de nouvelles découvertes et applications potentielles dans le domaine de la recherche médicale et de la génétique.

Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Cell.