Première greffe de rein d’une donneuse séropositive de son vivant

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Crédits : Pixnio

Une équipe de chirurgiens américains annonce avoir transplanté avec succès le rein d’un donneur vivant séropositif à un receveur séropositif. Une première qui pourrait élargir la réserve d’organes disponibles.

L’opération a eu lieu le 25 mars dernier aux États-Unis, à l’hôpital Johns Hopkins de Baltimore. La donneuse Nina Martinez, âgée de 35 ans, séropositive à cause d’une transfusion sanguine, voulait à la base offrir l’un de ses reins à l’un de ses amis également porteur du VIH. Ce dernier est malheureusement décédé avant l’opération. La donneuse n’a pas abandonné, permettant finalement la greffe de son organe à un autre patient séropositif, anonyme cette fois. L’opération s’est bien passée et le receveur n’a désormais plus besoin de dialyse rénale. Une première (donneur vivant) qui pourrait bientôt permettre d’autres greffes du genre, jusqu’alors jugées trop risquées.

« J’ai hâte de voir qui sera le suivant »

La donneuse, de son côté, semble également se sentir bien, au point d’exprimer son intention de s’entraîner pour le marathon d’octobre du Marine Corps à Washington. Au-delà de son acte de générosité, la patiente souhaitait également changer le regard du monde sur la séropositivité. « La société nous perçoit comme des gens qui apportent la mort. Et je ne peux pas trouver un meilleur moyen de montrer que des gens comme moi peuvent apporter la vie », a-t-elle déclaré dans une interview samedi avant l’opération. Et d’ajouter après l’opération : « À tous ceux qui envisagent de se lancer, je veux dire que c’est faisable. Je viens de vous montrer comment, et j’ai hâte de voir qui sera le suivant ».

Parce que les deux patients peuvent ici avoir différentes souches du virus et différentes résistances aux médicaments anti-VIH, les médecins devront surveiller le receveur de près durant les prochains mois. Le destinataire anonyme prendra également des médicaments pour éviter tout rejet d’organe, mais ceux-ci ne devraient pas trop interférer avec son traitement antirétroviral.

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Cellule infectée par le VIH/Crédits : NIAID

600 séropositifs pourraient donner des organes chaque année

Jusqu’à présent dans ce pays, 116 organes de donneurs décédés séropositifs au VIH ont été transplantés avec succès chez des receveurs infectés par le VIH. Mais des milliers d’autres personnes sont en attente. Nous pensions jusqu’à présent que le fait de ne laisser qu’un seul rein à une personne séropositive était trop dangereux (risques de maladie rénale). Or, une étude menée en 2017 a montré que certains donneurs séropositifs sains ne prenaient pas beaucoup plus de risques que les autres, relève le Washington Post.

Preuve en est avec cette nouvelle opération. Pouvoir intégrer les patients séropositifs vivants dans la liste des donneurs potentiels pourrait ainsi permettre de sauver davantage de vies. « Les portes sont désormais ouvertes pour que les gens qui vivent avec le VIH deviennent des donneurs de rein », explique en effet le docteur Dorry Segev, le chirurgien en charge de l’opération, estimant que 500 à 600 personnes séropositives pourraient donner des organes chaque année aux États-Unis.

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