Pour la première fois, des chercheurs ont observé des « araignées » martiennes en train de s’étendre

Crédits : NASA/JPL-Caltech/Univ. of Arizona

Pour la toute première fois, des chercheurs ont pu observer les débuts de la formation d’une « araignée » martienne, une de ces structures caractéristiques de la région du Pôle Sud martien.

Si vous avez grandi avec Total Recall, vous imaginez surement la planète rouge avec ses grandes étendues de poussières parsemées de quelques montagnes et cratères ici et là. Les dernières images filmées par Curiosity en font d’ailleurs un incroyable rappel. Mais les paysages martiens ce n’est pas « que » ça. Oui, car parmi les configurations géologiques qui ont longtemps intrigué les observateurs, il y a les araignées. Et des araignées, des chercheurs ont pu les voir grandir pour la toute première fois.

On ne parle pas ici d’arachnides. Ce que les scientifiques surnomment « araignées » martiennes, ce sont des configurations géologiques dont la forme rappelle vaguement celle de vos bestioles préférées, du fait de leur profil fortement ramifié, pour ne pas dire  » arachnéïforme ». On ne les retrouve qu’au Pôle Sud. La glace retrouvée dans cette partie du globe martien est en grande partie dépourvue d’eau : de la « glace sèche » qui est en fait du gaz carbonique gelé. Ce gaz, qui compose la plus grande partie de l’atmosphère de Mars va se congeler lors des basses températures de l’hiver martien (qui dure six mois) et va enrichir la calotte glaciaire saisonnière. C’est dans ces terrains que se forment les araignées, des dépressions qui, avec l’érosion, s’étendent et finissent par former des structures caractéristiques qui leur ont valu la comparaison avec les arachnides.

Les scientifiques ont élaboré depuis quelques années une théorie sur la formation de ces dépressions de tailles diverses, qui vont de quelques dizaines à quelques centaines de mètres de long. Le responsable, ce serait le gaz carbonique et le soleil printanier, qui réchauffe peu à peu le sol martien. Une partie du gaz carbonique situé au-dessous de la calotte glaciaire saisonnière va se sublimer, en passant directement de l’état solide à l’état gazeux. La pression montant, il finit par craqueler la glace, emmenant avec lui des particules de sable et de poussière. Au fil des années, ce phénomène va éroder le sol, élargissant les fissures et les étendant. Les araignées grandissent.

Jusqu’à présent, les sondes en orbite martienne n’avaient pas réussi à capturer d’images montrant leur formation. C’est désormais chose faite, grâce aux clichés pris par la caméra à haute résolution de la sonde Mars Reconnaissance Orbiter. Les clichés s’échelonnent sur trois années martiennes, soit presque six ans en temps terrestre.

Crédits : NASA/JPL-Caltech/University of Arizona

« Une grande partie de la surface de Mars ressemble à l’Utah si vous dépouillé toute la végétation, mais ces « araignées » sont un relief unique des paysages martiens », note Candice Hansen de l’Institut des sciences planétaires à Tucson, Arizona, et co-auteur du rapport. Cette nouvelle recherche met en lumière la façon dont le dioxyde de carbone façonne la planète rouge de manière presque « surnaturelle ».

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