Des paléontologues repèrent un premier « nombril » de dinosaure fossilisé

dinosaure nombril
Une représentation du Psittacosaurus et son nombril. Crédits : Jagged Fang Designs

Une équipe de paléontologues rapporte avoir identifié le plus ancien ombilic d’amniote conservé et le premier chez un dinosaure non aviaire. Il appartenait à un spécimen ayant évolué il y a environ 130 millions d’années. Cet ombilic, une sorte de nombril, se présente comme une structure médiane allongée délimitée par une rangée d’écailles appariées sur l’abdomen.

Chez les amniotes en ponte, l’embryon en développement est attaché à un certain nombre de membranes extraembryonnaires qui fournissent de l’oxygène et des nutriments tout au long du développement embryonnaire. Elles éliminent également les déchets métaboliques. Avant ou peu après l’éclosion, ces membranes se détachent et laissent une cicatrice ombilicale temporaire ou permanente (ombilic) équivalente au nombril chez certains mammifères placentaires, y compris les humains.

Bien qu’omniprésent chez les mammifères et les reptiles modernes (y compris les oiseaux), au moins au début de leur ontogénie, l’ombilic n’avait jusqu’à présent été identifié chez aucun amniote précénozoïque. C’est désormais chose faite.

Une jolie cicatrice

Dans la revue BMC Biology, des paléontologues annoncent en effet avoir isolé l’une de ces cicatrices conservée sur la peau fossilisée d’un dinosaure vieux de 130 millions d’années. Il s’agissait plus précisément d’un Psittacosaurus, une créature bipède herbivore d’environ deux mètres de long. L’animal évoluait dans ce qui est aujourd’hui la Chine pendant la période du Crétacé.

dinosaure nombril
Le fossile réel, avec la cicatrice ombilicale surlignée en bleu à droite. Crédits : Bell et coll. 2022

Les restes de ce spécimen ont été fouillés il y a  une vingtaine d’années. Ils étaient depuis exposés au musée Senckenberg, en Allemagne. Jusqu’à présent cependant, ce fameux « nombril » était passé inaperçu. Depuis, les méthodes d’analyse ont évolué. Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs ont utilisé une technique relativement nouvelle connue sous le nom d’imagerie par fluorescence illuminée au laser (LSF).

« En utilisant l’imagerie LSF, nous avons identifié des écailles distinctives qui entouraient une longue cicatrice ombilicale semblable à celle de certains lézards et crocodiles vivants« , détaille le Dr Michael Pittman, de l’Université chinoise de Hong Kong. « Nous appelons plus communément ce genre de cicatrice un nombril et il est plus petit chez l’Homme. Ce spécimen est le premier fossile de dinosaure à conserver un tel nombril. Nous devons cette découverte à son état de conservation exceptionnel« .

Contrairement à la plupart des reptiles et oiseaux modernes qui perdent cette cicatrice peu de temps après l’éclosion, l’ombilic de ce dinosaure aurait persisté au moins jusqu’à la maturité sexuelle, semblable à certains lézards et crocodiliens avec lesquels il partage la ressemblance morphologique la plus proche. Cependant, étant donné la variabilité de cette structure chez les analogues reptiliens existants, une telle cicatrice persistante pourrait ne pas avoir été présente chez tous les dinosaures non aviaires.