L’essor de l’informatique quantique ouvre des perspectives fascinantes, mais il représente aussi une menace majeure pour la cybersécurité mondiale. Les systèmes de chiffrement utilisés aujourd’hui pour protéger nos communications, nos transactions financières et nos infrastructures critiques pourraient être vulnérables face à la puissance des futurs ordinateurs quantiques. Consciente de cet enjeu, la société suisse Sealsq a récemment dévoilé une avancée majeure : la première plateforme matérielle sécurisée résistante aux attaques quantiques. Cette innovation marque une étape essentielle dans la protection des données sensibles et ouvre la voie à une nouvelle génération de sécurité numérique.
Le problème : une cryptographie bientôt obsolète ?
Aujourd’hui, la sécurité de nos échanges numériques repose essentiellement sur deux grandes méthodes de chiffrement :
- Le RSA (Rivest-Shamir-Adleman) qui protège les transactions financières et les échanges de données.
- La cryptographie à courbe elliptique (ECC), utilisée dans les signatures électroniques et la protection des communications.
Ces techniques reposent sur des problèmes mathématiques extrêmement difficiles à résoudre pour les ordinateurs classiques. Cependant, l’arrivée des ordinateurs quantiques, capables d’effectuer des calculs exponentiellement plus rapides, remet en cause cette robustesse. Grâce à l’algorithme de Shor (conçu en 1994 pour factoriser rapidement de grands nombres entiers), un ordinateur quantique suffisamment puissant pourrait en théorie briser ces systèmes de chiffrement en quelques heures, alors que cela prendrait des milliers d’années aux machines actuelles.
Cette perspective inquiète les experts en cybersécurité, car elle signifie que des acteurs malveillants pourraient, à terme, intercepter et décrypter des données confidentielles. De plus, certains gouvernements ou organisations stockeraient déjà des communications chiffrées dans l’attente de disposer d’une puissance quantique suffisante pour les décrypter à l’avenir.
Sealsq : une avancée technologique majeure
Face à ce défi, Sealsq a développé une plateforme matérielle révolutionnaire conçue pour résister aux attaques quantiques tout en garantissant une sécurité optimale pour les usages actuels. Cette solution repose sur des algorithmes de cryptographie post-quantique (PQC) validés par le National Institute of Standards and Technology (NIST) et intégrés dans du matériel sécurisé.
La plateforme de Sealsq se distingue notamment par l’intégration de deux algorithmes phares :
- Kyber, conçu pour le chiffrement des données et la protection des communications.
- Dilithium, utilisé pour l’authentification et la signature numérique.
Ces technologies permettent non seulement de résister aux attaques des futurs ordinateurs quantiques, mais aussi d’optimiser la consommation énergétique et la rapidité des échanges. Sealsq a démontré que sa solution surpassait les microcontrôleurs sécurisés traditionnels, tout en restant compatible avec les applications d’intelligence artificielle, de blockchain et d’Internet des objets (IoT), qui nécessitent des niveaux de protection renforcés.
En plus de répondre aux normes de sécurité les plus strictes, comme FIPS (Federal Information Processing Standards) et Common Criteria, cette avancée ouvre une nouvelle catégorie sur le marché de la cybersécurité qui est estimé à 7,9 milliards de dollars.

Quels obstacles à une adoption massive ?
Malgré les bénéfices indéniables de la cryptographie post-quantique, son adoption à grande échelle rencontre plusieurs défis.
L’intégration de ces nouvelles technologies nécessite notamment une refonte des systèmes de sécurité existants, ce qui représente un investissement considérable pour les entreprises et les gouvernements. La question est de savoir à quelle vitesse les industries vont évoluer vers des solutions résistantes aux attaques quantiques.
Les solutions de Sealsq offrent une sécurité renforcée, mais leur coût et leur intégration dans des infrastructures existantes pourraient également ralentir leur adoption. L’enjeu est de proposer des alternatives accessibles et évolutives pour répondre aux besoins du plus grand nombre.
Enfin, rappelons que le domaine des semi-conducteurs est dominé par des acteurs majeurs comme Intel, AMD ou NXP. Sealsq bénéficie d’un avantage de premier entrant sur le marché de la sécurité post-quantique, mais devra faire face à des géants qui pourraient développer des solutions concurrentes dans les années à venir.