Ariane 6 pourra-t-elle bientôt décoller ? Encore un peu de patience

Ariane 6
La base de lancement d'Ariane 6 au port spatial européen de Guyane française. Crédits : ESA-Manuel Pedoussaut

Aux dernières nouvelles, le nouveau lanceur lourd européen (Ariane 6) devait possiblement effectuer son vol inaugural au début de l’année prochaine. Cette échéance vient de reculer au quatrième trimestre de 2023. Pour cet énième retard, il en coûtera plusieurs centaines de millions d’euros supplémentaires.

Nouveau retard

Dans l’industrie spatiale, les délais rallongés ne sont pas vraiment une surprise. Ariane 6 ne déroge pas à la règle. Le successeur d’Ariane 5, qui s’est récemment illustré avec le lancement quasi parfait du James Webb Telescope, était initialement prévu pour 2020.

Plusieurs facteurs expliquent ce nouveau décalage. Parmi eux, l’introduction d’une nouvelle unité de puissance ainsi que des retards dans les tests et dans le développement de bras robotiques qui assistent la rampe de lancement lors du ravitaillement en carburant de la fusée. Naturellement, plus une fusée reste au sol, plus elle coûte cher. Pour ce nouveau retard, comptez environ 600 millions d’euros supplémentaires. Le lanceur, en développement depuis 2010, aurait ainsi déjà coûté plus de quatre milliards d’euros.

S’exprimant lors d’une conférence de presse, le directeur général de l’ESA, Josef Aschbacher, n’a pas non plus assuré qu’Ariane 6 serait quoi qu’il arrive lancée à la fin de l’année prochaine. Trois étapes majeures doivent en effet encore être franchies au cours du premier trimestre 2023 pour que la fusée soit prête à décoller. Des problèmes au cours de ces prochaines échéances pourraient donc retarder à nouveau ce vol inaugural.

Les étapes en question incluent la conclusion des essais de tir à chaud de l’étage supérieur et de son moteur Vinci depuis l’Allemagne, et un essai de tir à chaud de l’étage central d’Ariane 6 depuis la Guyane. L’ESA et ses partenaires industriels devront également commencer l’examen de qualification du système de lancement de la nouvelle fusée.

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Vue d’artiste d’une Ariane 6 dans sa version à quatre boosters. Crédits : ESA

Un manifeste déjà bien rempli

Malgré ces revers, Arianespace, qui exploite le port spatial de Kourou et vend des lancements depuis le site, est optimiste pour l’avenir. Plus tôt cette année, la société française a en effet signé un contrat de dix-huit lancements avec Amazon pour son projet de constellation Kuiper. Onze autres lancements sont également prévus avec d’autres clients pour le moment.

Pour rappel, Ariane 6 sera plus modulaire et flexible que son prédécesseur, promettant de placer tout type de charge utile en orbite basse (LEO), géostationnaire (GTO) ou héliosynchrone (SSO).Le lanceur sera aussi plus compétitif, permettant de générer plus de revenus. Stéphane Israël, directeur général d’Arianespace, prévoit ainsi qu’Ariane 6 et sa petite soeur Vega pourront générer quatre milliards d’euros par an cette décennie, contre deux milliards au cours de la décennie 2010-2020 pour Ariane 5.