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À vendre : de la poussière lunaire digérée par des cafards

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Crédits : RR Auction via collectSPACE.com

Un petit échantillon de poussière de Lune rapporté sur Terre en 1969 dans le cadre de la mission Apollo 11 est disponible aux enchères. Petite particularité : ces grains extraterrestres ont été soigneusement extraits de l’estomac de cafards. Trois de ces insectes sont d’ailleurs inclus avec le lot.

RR Auction est une entreprise basée dans le New Hampshire qui se spécialise dans les souvenirs spatiaux. Parmi les nouveaux lots proposés aux enchères par la société figure de la poussière lunaire consommée, puis digérée par des cafards. Mais comment diable ce matériel s’est-il retrouvé dans les voies digestives de ces insectes ?

Quelques mesures de précaution

Avant la première mission humaine sur la Lune, les scientifiques n’étaient pas tout à fait sûrs de ce que les astronautes allaient trouver sur place, malgré l’envoi de plusieurs sondes en amont. Alors que la plupart des biologistes étaient certains que la Lune était dépourvue de toute vie, ils ne pouvaient pas entièrement exclure que les astronautes ramèneraient des germes susceptibles de poser problème une fois sur Terre. C’est pourquoi l’équipage, leur vaisseau et tout ce qui est revenu avec eux ont été mis en quarantaine pendant plusieurs jours dès leur arrivée.

Durant ce laps de temps, alors que les astronautes subissaient des examens médicaux, plusieurs espèces animales, dont des poissons, des souris et des cafards (la blette germanique Blattella germanica), ont été exposées aux échantillons collectés pour voir comment elles réagiraient. Environ 10% des vingt-deux kilogrammes de roches rapportées par la mission Apollo 11 ont ainsi été affectés à ces essais destructifs.

Plusieurs cafards disséqués

Une fois donné en nourriture aux insectes, personne ne s’attendait à revoir ce matériau lunaire, sauf Marion Brooks, une entomologiste de l’Université de St. Paul. Aucun des cafards n’était mort durant les tests initiaux, mais la chercheuse voulait en apprendre davantage. Elle s’est donc entendue avec la NASA et s’en est vu confier huit. La spécialiste les a disséqués pour une étude microscopique. Tous ces insectes avaient été nourris avec un régime « moitié-moitié » de régolithe lunaire cru et de nourriture ordinaire.

« Je n’ai trouvé aucune preuve d’agents infectieux« , avait-elle noté à l’époque, ajoutant qu’elle n’avait également trouvé aucun signe indiquant que le sol lunaire était toxique ou dangereux pour les cafards.

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Les souvenirs d’Apollo 11 de l’entomologiste Marion Brooks, y compris trois cafards préservés et un échantillon de la poussière lunaire. Crédits : RR Auction

Brooks prit sa retraite en 1986 (elle décéda en 2007 à l’âge de 89 ans), mais conserva trois de ces insectes, ainsi qu’une petite fiole en verre contenu un peu de poussière lunaire prélevée à l’intérieur de leur estomac. Le flacon contient environ quarante milligrammes de matériau. C’est cet échantillon qui est mis aux enchères. Celles-ci ont débuté jeudi matin et se poursuivront jusqu’au 23 juin. RR Auction estime que son lot se vendra plus de 400 000 dollars US.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.