Nous pourrons bientôt cartographier avec précision la structure de la Voie lactée

Une image de la voie lactée vue par l'Observatoire spatial Max Planck en infrarouge. Les données contenues dans cette image ont été essentielles dans le calcul de la distribution de l'énergie lumineuse de notre galaxie. Crédit : consortium ESA / HFI / LFI.

Une équipe d’astronomes annonce avoir pu mesurer avec précision la distance nous séparant d’une région de formation d’étoiles située de l’autre côté de la Voie lactée, derrière le bulbe central. Ces mesures sont cruciales pour tenter de comprendre la structure de notre galaxie et notamment de ses bras spiraux.

Nous pouvons estimer les distances qui nous séparent de galaxies lointaines, notamment par leurs décalages vers le rouge (plus on décale vers le rouge, plus une galaxie s’éloigne), mais obtenir des mesures directes est beaucoup plus difficile. Une équipe d’astronomes a récemment usé d’une méthode vieille de 280 ans pour mesurer précisément la distance nous séparant d’une pouponnière d’étoiles de l’autre côté de la Voie Lactée, c’est-à-dire de l’autre côte du bulbe central de notre galaxie. Ces nouvelles recherches menées par Alberto Sanna, de l’Institut Max-Planck pour la radioastronomie en Allemagne, suggèrent que nous pourrions maintenant cartographier avec précision toute l’étendue de notre galaxie.

Pour obtenir ces mesures, Alberto Sanna et son équipe se sont appuyés sur le Very Long Baseline Array, un réseau américain de radiotélescopes astronomiques. Ils ont ainsi pu mesurer avec précision la distance séparant notre Soleil d’une région de formation d’étoiles appelée G007.47 + 00.05, située de l’autre côté de la Voie lactée : 66 000 années-lumière exactement, bien au-delà du centre de la galaxie que vous retrouverez à quelque 27 000 années-lumière. Le record précédent pour une mesure de parallaxe était d’environ 36 000 années-lumière.

« C’est très excitant ! », s’enthousiasme Alberto Sanna. « C’est un peu comme si nous pouvions nous regarder dans un miroir pour la première fois. La plupart des étoiles et des gaz dans notre galaxie se situent à l’intérieur de cette distance nouvellement mesurée. Nous avons maintenant la capacité de mesurer des distances suffisantes pour tracer avec précision les bras spiraux de la galaxie et visualiser leur véritable forme ».

Vue d’artiste de cette nouvelle distance mesurée par les astronomes de l’Institut Max Planck en Allemagne. Crédits : Bill Saxton, NRAO/AUI/NSF; Robert Hurt/NASA

Les mesures de distance sont en effet cruciales pour comprendre la structure de la Voie lactée. Une grande partie du matériel de notre galaxie (composé principalement d’étoiles, de gaz et de poussière) se trouve à l’intérieur d’un disque aplati dans lequel notre système solaire est intégré. Parce que nous ne pouvons observer notre galaxie en « face à face », sa structure, y compris la forme de ses bras spiraux, ne peut être cartographiée qu’en mesurant les distances par rapport à d’autres objets situés ailleurs dans la galaxie.

Les astronomes ont ici utilisé une technique de recherche de distance séculaire (la parallaxe trigonométrique) utilisée pour la première fois en 1838 par l’astronome allemand Friedrich Bessel pour mesurer la distance qui nous séparait d’une étoile située dans la Constellation du Cygne. Pour comprendre la parallaxe, maintenez un doigt devant votre nez et fermez le premier œil puis l’autre. Vous verrez que votre doigt semble se déplacer par rapport aux objets d’arrière-plan. De la même manière, les astronomes peuvent voir un changement dans la position des étoiles d’un côté de l’orbite terrestre à l’autre. Ensuite, ils peuvent utiliser la trigonométrie pour calculer les distances des étoiles. Cette technique a permis aux astronomes dans les années 1800 de commencer à mesurer les distances aux étoiles proches. Par conséquent, la parallaxe était l’un des premiers outils utilisés par les astronomes et a finalement abouti à notre image moderne de l’univers.

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