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Pourriez-vous tenir sans téléphone 22 heures sur 24 ? Cette petite ville japonaise veut tenter l’expérience

Le temps d’exposition aux écrans et plus particulièrement le temps d’utilisation des smartphones est un débat assez présent en France. Toutefois, la question est également débattue un peu partout dans le monde. Au Japon, une petite ville a dernièrement approuvé un projet d’ordonnance relatif à la promotion d’une utilisation appropriée des smartphones. L’objectif ? Inciter les citoyens à limiter leur utilisation à seulement deux heures par jour.

Deux heures par jour d’utilisation du smartphone

Toyoake est une ville d’environ 68 000 habitants se situant dans la préfecture d’Aichi, dans la banlieue de Nagoya (Japon). Habituellement plutôt discrète, cette municipalité s’est pourtant fait remarquer récemment, comme en témoigne un étonnant communiqué de presse publié le 22 septembre 2025. Le document en question concerne l’adoption à l’unanimité d’un projet d’ordonnance relatif à la promotion d’une utilisation correcte des smartphones dans la ville.

Concrètement, les élus de la ville de Toyoake suggèrent à leurs citoyens de limiter le temps d’utilisation de leur smartphone à deux heures par jour. L’idée derrière cette recommandation est d’assurer aux personnes un temps de sommeil suffisant. De nombreux spécialistes s’accordent pour dire que le temps idéal de sommeil est de 9 à 12 heures par jour pour les enfants, de 8 à 10 heures pour les adolescents et de 6 à 8 heures pour les adultes.

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Une simple campagne de sensibilisation ?

Cependant, précisons que la mesure mérite d’être nuancée. En effet, cette dernière concerne seulement le temps libre (ou de loisir) et n’est aucunement relatif au temps d’utilisation au travail, à l’école ou dans les transports. Par ailleurs, les élus de Toyoake rappellent que le texte n’est qu’une indication et que les personnes restent libres de leurs choix. Il n’est donc pas question d’une restriction des droits et libertés des individus. Dans les faits, il s’agit surtout d’une opération de communication visant à sensibiliser les citoyens. L’objectif est d’encourager ces derniers à discuter – notamment au sein de la famille – de sujets tels que la dépendance au smartphone et l’exposition prolongée aux écrans en général.

Il faut dire que depuis quelques années, les effets néfastes des smartphones et autres écrans sur la santé mentale ainsi que le bien-être font l’objet de nombreuses études et enquêtes. En 2018 par exemple, l’endocrinologue étasunien Robert Lustig évoquait les effets du smartphone sur le cerveau. L’expert soulignait principalement la présence d’alertes constantes, à l’origine d’une cascade de réponses biologiques habituellement relatives à la rencontre d’un danger. Dans de nombreux cas, ce type d’appareil conditionne nos cerveaux à se maintenir dans un état quasi constant de stress et de peur. Évidemment, les effets sur la santé mentale et le bien-être sont préoccupants.

En 2020, des chercheurs portugais ont mené une enquête sur le phénomène de nomophobie, un état d’angoisse et d’anxiété à l’idée d’être séparé de son smartphone. Touchant principalement la « génération Z » – individus nés entre 1997 et 2012 – ce phénomène interroge beaucoup. Citons également la parution d’une étude au Royaume-Uni en aout 2025, par l’application Fluid Focus. Selon les auteurs, le temps d’écran moyen quotidien augmente avec l’âge, soit plus de six heures par jour pour les étudiants à l’université. A terme, en cas de poursuite de ces mauvaises habitudes, ces mêmes étudiants pourraient passer, durant leur existence l’équivalent d’environ un quart de siècle sur leur smartphone

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.