Pourriez-vous mourir d’une combustion spontanée ?

combustion spontanée
Extrait de l'épisode "Combustion spontanée" de la série South Park (Saison 3). Crédit : Paramount.

La combustion spontanée résulte d’une réaction chimique pure et simple qui libère de la chaleur. Parfois, cette chaleur se retrouve piégée, jusqu’à ce qu’elle puisse s’enflammer. Les humains peuvent-ils en mourir ? En réalité, tout dépend de la manière dont vous définissez le mot « spontané ».

Tout d’abord, un petit point sur la terminologie. Au sens vernaculaire, nous utilisons le mot « spontané » pour signifier quelque chose de « soudain ». Du point de vu scientifique, c’est un peu différent. Oui, c’est toujours soudain, mais en réalité le terme « spontané » est utilisé pour décrire des événements ou des conditions qui surviennent sans l’action d’une influence externe.

Cette influence externe – une source d’énergie – peut être une étincelle, une flamme ou tout autre objet ou événement à haute température capable d’initier la combustion d’une source de carburant. Il est important de faire la distinction. Si vous mettez un morceau de papier ordinaire dans votre four à une température suffisamment élevée, ce papier s’enflammera tout seul au bout d’un moment. Vous aurez alors l’impression que ce bout de papier s’est enflammé tout seul, mais en réalité, votre four aura appliqué l’énergie locale initiale.

Les exemples du foin et du charbon

De nombreux cas de combustion spontanée impliquent en effet des bottes de foin. Rappelons que le foin n’est pas une plante, mais un produit alimentaire provenant de l’une des nombreuses variétés de plantes herbacées qui peuvent être séchées puis données au bétail. Le fait de sécher le foin permet de le conserver plus longtemps tout en empêchant la propagation d’organismes susceptibles de nuire aux animaux.

Cependant, il arrive que le foin soit encore humide au moment d’être emballé. Ces plantes, lorsqu’elles ne sont pas étroitement entassées et conservées dans certaines conditions, favoriseront le déploiement de micro-organismes capables de les décomposer. Cette action libère alors de la chaleur qui, sans circulation d’air, continue de croître. Au bout d’un moment, le foin atteindra la température requise pour s’enflammer.

Le charbon est un autre exemple. Sa combustion, plus latente que le foin, nécessite des conditions bien précises, combinant de grands et de petits morceaux de charbon étroitement entassés et entrecoupés de particules poussiéreuses. Dans les environnements industriels ou les centrales électriques, d’énormes tas de charbon peuvent alors limiter la circulation de l’air et entraîner une accumulation de chaleur due à l’oxydation.

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Crédit : Bru-nO/pixabay

Qu’en est-il des humains ?

Ce phénomène fut abordé par Dickens (La Maison d’Âpre-Vent, 1853), Zola (Le Docteur Pascal, 1893) et d’autres. De nombreux témoignages sont également relatés un peu partout dans le monde depuis le 16e siècle. À l’époque, les coroners, sans meilleures explications, qualifiaient aussi parfois certains décès inexpliqués de combustion humaine spontanée, mais qu’en est-il réellement ?

Naturellement, les scientifiques ne contestent pas le fait que les corps humains brûlent. Effectivement, nos corps peuvent s’enflammer lorsqu’une source de chaleur est appliquée. En revanche, ils rejettent massivement l’idée que la combustion est spontanée (sans aucune source de chaleur externe).

Contrairement au foin ou au charbon, le corps humain ne proposent pas de réactions capables d’approcher ce niveau de chaleur. Imaginez-vous comme une machine de cuisson sous vide, où le liquide en circulation (sang) est utilisé pour maintenir notre corps à une température globale avec un plafond d’environ 37°C.

En réalité, la plupart des cas de combustion humaine spontanée signalés ont des explications plus concrètes. Ils impliquent souvent des personnes alcooliques ou dépressives qui s’endorment avec des cigarettes allumées, par exemple.

Dans ce cas, imaginez le corps humain comme une bougie, la graisse étant la cire tandis que les vêtements enflammés servent de mèche. Ayant pris feu, les vêtements brûlent la peau qui, une fois carbonisée, se fissure. La graisse sous-cutanée s’écoule alors (à au moins 250 °C), entretenant le long processus de combustion. C’est d’ailleurs pour cette raison que, dans la plupart des cas rapportés, les parties du corps les plus calcinées sont celles qui renferment d’abondantes quantités de graisse.