La gravité du Soleil pourrait alimenter le streaming vidéo interstellaire

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Besoin d’envoyer un message dans l’espace interstellaire ? Utilisez le soleil pour augmenter le signal. Une nouvelle étude suggère que la gravité du soleil pourrait être utilisée pour amplifier les signaux d’une sonde spatiale interstellaire, vous permettant ainsi par exemple de regarder une vidéo en streaming depuis Alpha Centauri, le système d’étoiles le plus proche situé à 4,37 années-lumière de la Terre.

L’astrophysicien Michael Hippke révélait il y a quelques jours au site New Scientist avoir pensé un moyen de livrer une connexion Internet interstellaire. Regarder Netflix n’est qu’une boutade, mais l’établissement d’une communication spatiale profonde sera important pour le développement de futures sondes capables de voyager sur de très longues distances. La méthode pensée ici se base sur l’effet de lentille gravitationnelle — l’espace déformé autour d’un objet massif comme notre soleil agit alors comme une loupe pour renforcer un signal.

Sur Terre, le moindre signal envoyé vers notre voisin stellaire le plus proche nécessiterait un télescope du diamètre d’une grande ville (un peu plus de cinquante kilomètres de largeur). Voyager 1, lancé en 1977, dispose d’un émetteur 22,4 Watts. La sonde spatiale est actuellement au bord de notre système solaire à environ 20,8 milliards de km du soleil (ou 0,002 année-lumière de chez nous). Toute transmission que la sonde nous envoie ne représente que 0,1 milliard de milliards de Watt au moment où elle nous arrive, nécessitant un récepteur de 70 mètres de large pour pouvoir recueillir le signal. Et la sonde n’émet que des données à 160 bits par seconde.

Si nous devions envoyer ou recevoir des images ou même une vidéo vers un autre système planétaire, nous aurions besoin soit d’un télescope de la taille d’un petit pays, ce qui est inimaginable. En revanche, nous pourrions user de l’effet de lentille gravitationnelle prédit par Albert Einstein et observé pour la première fois en 1919 pour amplifier le signal grâce au Soleil. Selon les calculs de l’astrophysicien, un télescope d’environ un mètre de largeur placé à environ 90 milliards de kilomètres du soleil pourrait relayer le signal avec une efficacité maximale. Maintenir la sonde à moins de 90 milliards de kilomètres et tous les signaux seraient perdus, bloqués par le Soleil. En revanche, au-delà des 90 milliards de kilomètres jusqu’à 300 milliards, les données pourraient être transmises.

L’utilisation de notre propre Soleil comme objectif pour amplifier les signaux envoyés à partir de sondes interstellaires ne semble pas si folle à la lumière des progrès actuels. Pour Slava Turyshev, physicien au Jet Propulsion Laboratory, de la NASA, le plan d’Hippke est « difficile, mais pas impossible ». « C’est beaucoup plus facile que de construire le télescope spatial Hubble », se défend Hippke. Reste à trouver le moyen de propulser une sonde à 90 milliards de kilomètres en un temps réduit. Voyager 1, qui erre actuellement dans l’espace, aura mis quarante ans pour atteindre les vingt milliards de kilomètres.

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