À mesure qu’elles sont en train de fondre, les contrées arctiques polarisent les convoitises. En cause : les importants réservoirs de pétrole et de gaz. Mais comment se fait-il qu’il y ait autant d’énergie dans la région ?
Négligé dans les années 90, le cercle arctique est aujourd’hui convoité par de nombreuses puissances à mesure que les richesses de la planète s’épuisent. Russie, États-Unis, Norvège, Suède, Finlande ou encore Chine, tous ont en effet des vues sur les quantités de pétrole et de gaz enfouies dans la région. On y compte 13% des réserves terrestres de pétrole et près du quart des ressources mondiales non exploitées en gaz. La fonte des glaces n’arrange rien, facilitant l’accès aux ressources et ouvrant de nouveaux axes de navigation. Mais au départ, comment se fait-il qu’il y ait autant d’énergie en Arctique ?
« L’Arctique est un océan entouré de continents« , explique Alastair Fraser, géoscientifique de l’Imperial College de Londres. « Cela signifie premièrement qu’il existe une énorme quantité de matière organique disponible sous la forme de créatures de la mer morte telles que le plancton et les algues qui forment la base de ce qui deviendra finalement du pétrole et du gaz. Deuxièmement, l’anneau environnant de continents signifie que le bassin arctique contient une forte proportion de croûte continentale qui représente environ 50% de sa surface océanique. C’est important parce que la croûte continentale contient des dépressions profondes appelées bassins dans lesquelles la matière organique peut s’enfoncer« .
Un processus bien huilé
Une fois morte, toute cette matière organique s’enfonce dans les eaux profondes de l’arctique très pauvres en oxygène. Cette absence d’oxygène va alors favoriser la décomposition des protéines, glucides et lipides des animaux. Néanmoins, il restera des hydrocarbures complexes appelés kérogènes. Vous obtenez alors le matériau d’origine du pétrole.
Autour, les montagnes qui s’érodent au cours des millénaires vont de leur côté relâcher des sédiments. Transportés par les fleuves, ces derniers vont se retrouver en mer. Une fois coulés au fond de l’eau, ils vont alors venir recouvrir la matière organique. Au bout de plusieurs milliers d’années, ce processus de stratification répété va finalement placer la matière organique sous une pression telle qu’elle va commencer à chauffer (+30°C tous les un kilomètre).
À une certaine température, la matière se transformera alors en huile (ou en gaz si les températures sont encore plus chaudes). Ces substances remontent ensuite dans les interstices de la roche sédimentaire où elles seront stockées avant d’être extraites par l’Homme.
C’est donc l’abondance de micro-organismes et la géologie très particulière de l’Arctique qui permettent la formation de gaz et de pétrole dans la région. Notons qu’une grande partie de l’énergie que nous utilisons trouve son origine il y a plusieurs dizaines de millions d’années, du temps des dinosaures. On estime aujourd’hui qu’environ 15 m3 de pétrole continuent à se former chaque jour. Mais bien sûr, cela ne suffit pas pour fournir les 15 millions de m3 que nous utilisons quotidiennement sur Terre.
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