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Pourquoi les télescopes au sol sont la clé du succès de la mission DART

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Crédits : Ron Miller

Plusieurs sondes et observatoires spatiaux seront sur le coup pour tenter d’immortaliser l’impact de la mission DART et ses conséquences. Cependant, les chercheurs vont devoir s’appuyer sur plusieurs télescopes au sol pour déterminer le véritable succès de la mission. Comment l’équipe de mission va-t-elle s’y prendre exactement ?

Aujourd’hui, le vaisseau DART (Double Asteroid Redirection Test) percutera un petit astéroïde appelé Dimorphos à une vitesse folle de 6,6 km par seconde pour tenter de modifier son orbite autour de son astéroïde parent.

Pour évaluer l’efficacité de cette approche, les scientifiques vont devoir mesurer précisément l’évolution de l’orbite de Dimorphos autour de son plus grand compagnon. Le vaisseau ne sera pas capable de faire cette mesure lui-même. C’est pourquoi l’équipe de mission va utiliser non pas des observatoires spatiaux, mais des télescopes au sol.

Une période orbitale de référence

Les astronomes observent cette paire d’astéroïdes depuis 2015, mais les calculs précis de leur orbite n’ont été faits qu’une fois la mission approuvée, en 2017.

Ces travaux ne sont pas simples. Et pour cause, Didymos et Dimorphos apparaissent comme une seule tache de lumière depuis la Terre. Pour déterminer la période orbitale de Dimorphos, les astronomes doivent capturer une série de photographies de ce point sur un fond d’étoiles connues pour tracer la luminosité changeante du système. Ces données émanent de plusieurs télescopes disséminés sur la planète. Les détails de ce modèle peuvent alors différencier le moment où Dimorphos passe devant Didymos, et vice versa.

Grâce à cette méthode, les scientifiques ont déterminé qu’il fallait 11 heures et 55 minutes à Dimorphos pour faire le tour de son compagnon.

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Le vaisseau DART de la NASA aperçoit désormais sa cible. L’objectif du vaisseau sera de le percuter de plein fouet à plus de 24 000 km/h pour tenter de modifier sa trajectoire. Crédits : NASA

À quoi s’attendent les chercheurs ?

D’après les calculs, l’impact de DART devrait alors accélérer cette orbite. L’équipe estimera que la mission est un succès si cette période orbitale est réduite d’au moins 73 secondes.

Cela pourrait paraître peu, mais si un véritable astéroïde menaçait la Terre et que nous le frappions suffisamment à l’avance, un tel effet se multiplierait suffisamment pour que l’astéroïde ne croise pas directement notre route.

L’impact du vaisseau spatial changera également la rotation de Dimorphos. Pour le déterminer, les chercheurs vont analyser la manière dont cet astéroïde reflète la lumière. Enfin, le suivi de la façon dont le système s’éclaircit, puis s’estompe avec le temps permettra aux scientifiques de mieux comprendre la structure et la composition du petit astéroïde. Là encore, toutes ces observations se feront depuis le sol.

Mieux la NASA pourra appréhender les conséquences de cet impact, plus elle pourra extrapoler la technique en cas de réelle menace pour la Terre. La dépendance de la mission aux télescopes au sol reflète également la façon dont une véritable mission de défense planétaire se déroulerait : avec des contributions du monde entier.

Brice Louvet, expert espace et sciences

Rédigé par Brice Louvet, expert espace et sciences

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.