Pourquoi le télescope Hubble est toujours aussi important

Télescope Hubble
Le télescope Hubble en orbite. Crédits : NASA

Le télescope Hubble, vieux de près de 33 ans, est encore très actif pour son âge. Ses capacités exceptionnelles et sa position dans le ciel en font l’un des instruments les plus essentiels dans le domaine de l’astrophysique. C’est pourquoi les astronomes aimeraient prolonger sa durée de vie.

La mise en orbite réussie du James Webb Telescope lui a fait beaucoup d’ombre, mais Hubble n’a pas dit son dernier mot. L’observatoire, qui est exploité depuis plus de trente ans par la NASA et l’Agence spatiale européenne, continue de faire de grandes découvertes. Et sa présence à plus de 500 kilomètres d’altitude reste essentielle.

Alors que le James Webb Telescope travaille principalement avec les longueurs d’onde infrarouges, lui permettant de sonder les profondeurs de l’univers et de percer les voiles de poussière, Hubble observe principalement le cosmos dans le domaine visible et dans l’ultraviolet. Et parce qu’aucun autre observatoire ne peut faire ces travaux aussi largement et aussi bien, Hubble est toujours très demandé après bientôt 33 ans de service. Les astronomes veulent en effet maximiser ce qu’ils peuvent tirer de Hubble pendant qu’il est encore utile.

Des capacités inégalées

Sa capacité à détecter les longueurs d’onde UV est particulièrement demandée (notamment pour déceler celle émise par les jeunes étoiles), car l’atmosphère terrestre filtre la majeure partie de cette lumière. En outre, la NASA ne prévoit pas d’autre télescope UV aussi puissant dans l’espace avant les années 2040. Dans ce domaine de l’astrophysique, Hubble est donc essentiel.

supernova Hubble
Les restes d’une supernova de type Ia vus par Hubble. Crédits : NASA, ESA

Hubble brille également lorsqu’il s’agit d’étudier des phénomènes « transitoires », tels que les explosions d’étoiles (supernova) qui apparaissent sans avertissement dans le ciel nocturne et qui doivent être étudiées rapidement avant qu’elles ne s’estompent. D’ailleurs, les opérateurs de mission ont même introduit des « jeudis flexibles » dans leur calendrier : un jeudi par mois est ainsi consacré à la planification des observations de dernière minute.

Les astronomes utilisent également Hubble à de nouvelles fins. Les opérateurs ont par exemple récemment découvert comment utiliser l’un de ses instruments pour combiner des informations sur les spectres et la polarisation de la lumière des objets célestes, ce qui donne de nouvelles informations sur leur nature.

Les astronomes sont également enthousiastes à l’idée de pouvoir coordonner les observations de Hubble et du JWT afin d’obtenir une image plus complète des phénomènes cosmiques. À titre d’illustration, il serait possible d’utiliser Hubble pour observer des galaxies proches qui ressemblent à celles repérées par le JWT dans l’Univers lointain. De cette manière, les astronomes pourront créer une chronologie de l’évolution galactique. Les deux observatoires pourront également travailler de concert pour étudier les atmosphères d’exoplanètes.

Ainsi, la puissance de ces deux observatoires augmente considérablement notre capacité à comprendre plusieurs domaines de l’astrophysique.

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Sur cette photo vieille de plusieurs décennies, une machine façonne le miroir principal de Hubble. Crédits : NASA/Science Photo Library

Bientôt une « mission de sauvetage » ?

On ne sait pas exactement combien de temps il reste à Hubble. Les systèmes de base qui maintiennent le fonctionnement du télescope, tels que les panneaux solaires et les batteries qui l’alimentent ainsi les gyroscopes qui l’orientent dans l’espace, sont fonctionnels mais vieillissants. Certains le voient tenir jusqu’à la fin de la décennie, tandis que d’autres estiment qu’il pourrait fonctionner jusqu’au milieu des années 2030. De manière plus pessimiste, il pourrait tout aussi bien tomber en panne demain et ne jamais redémarrer.

La traînée de l’atmosphère terrestre est un autre facteur à prendre en compte : plus le temps passe et plus Hubble est « happé » par notre planète. Dans le passé, l’observatoire évoluait à 615 kilomètres au-dessus de la surface de notre planète. Aujourd’hui, il est à 535 kilomètres et devrait rester à cette altitude jusqu’au milieu des années 2030. Cependant, le maximum solaire prévu en 2025 pourrait accélérer sa descente.

Pour l’éviter, la NASA collabore avec SpaceX pour tenter de remonter le télescope au moyen d’une capsule Crew Dragon. Cela pourrait prolonger sa vie, mais aussi permettre à la NASA de contrôler davantage sa rentrée atmosphérique une fois sa durée de vie épuisée en le guidant vers l’océan.