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Crédits : NASA/CAMPOALTO/V. ROBLES

Pourquoi les scientifiques aiment tant l’Atacama

L’Atacama est un lieu d’observation privilégié par les astronomes. De nombreux observatoires astronomiques internationaux y sont en effet installés pour étudier les étoiles, les galaxies et autres phénomènes cosmiques. Ce désert est également un lieu prisé par la NASA et d’autres agences spatiales pour effectuer des tests et des simulations pour leurs missions robotiques, y compris les rovers. Découvrez pourquoi.

Un désert aride et froid

Avec 14,2 millions de kilomètres carrés, l’Antarctique est considérée comme le désert le plus sec du monde, en plus d’être le plus grand. Certaines régions, comme les vallées sèches de McMurdo, n’auraient en effet reçu aucune précipitation depuis 14 millions d’années. L’Atacama arrive derrière. Situé sur la côte ouest de l’Amérique du Sud, principalement au Chili, il s’étend sur environ 1 000 kilomètres de long et couvre une superficie d’environ 105 000 kilomètres carrés.

Ce désert est extrêmement aride en raison de plusieurs facteurs. D’une part, l’Atacama est bordé par l’océan Pacifique à l’ouest dont les courants froid empêchent la formation de nuages et donc de précipitations significatives. D’autre part, la célèbre chaîne de montagnes des Andes qui longe le désert bloque l’humidité provenant de l’est, ce qui limite encore davantage les précipitations. Certaines régions de ce désert n’auraient ainsi pas reçu de précipitations pendant plusieurs décennies, voire des siècles.

Outre ce manque de pluie, l’Atacama est également assez frais. Contrairement aux déserts plus stéréotypés, où les températures peuvent grimper très vite pendant la journée, la température moyenne de cette région moyenne varie de 0 à 20°C.

Recherche de vie

Une telle combinaison de facteurs a ses avantages. En effet, le fait qu’il n’y ait pratiquement aucune pluie et des températures fraîches favorise l’épanouissement d’un écosystème unique qui, depuis des décennies, inspire les scientifiques à explorer la vie (ou son absence) et à réfléchir à ce que cela pourrait signifier pour la vie sur d’autres planètes.

Le désert d’Atacama se présente notamment comme un excellent moyen pour des organisations comme la NASA d’essayer de comprendre à quoi pourrait ressembler la vie sur Mars (même si la planète rouge reste 1000 fois plus sèche que les endroits les plus arides de la Terre).

Par ailleurs, du fait de son éloignement, l’Atacama ne propose quasiment aucun établissement local et pratiquement aucune infrastructure touristique/commerciale, ce qui contribue à réduire la contamination des expériences.

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Une vue sur l’Atacama. Crédits : Peter Orsel/istock

Tests de rovers

L’agence américaine utilise également depuis longtemps cet environnement aride, froid et rocailleux pour tester les conceptions de ses rovers martiens. Avant son séjour sur Mars, des tests ont notamment été réalisés dans l’Atacama pour évaluer les performances et les capacités de déplacement du rover Sojourner, utilisé lors de la mission Mars Pathfinder de la NASA en 1997.

FIDO, un rover développé par la NASA, a lui été utilisé dans plusieurs missions de simulation dans la région pour évaluer les capacités de navigation autonome, de collecte d’échantillons et d’analyse des roches. Le rover K9, développé cette fois par l’Agence spatiale européenne (ESA), a également été testé dans l’Atacama pour simuler des scénarios d’exploration de la planète Mars, notamment des tests de mobilité, de perception de l’environnement et de communication.

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Le rover Sojourner vue sur Mars le 12 décembre 1997. Crédits : NASA

Observations astronomiques

Ces conditions, qui rendent l’Atacama si attrayant pour la recherche planétaire, s’appliquent également à d’autres études liées à l’espace. La faible teneur en humidité de la région réduit en effet la quantité de vapeur d’eau atmosphérique. C’est pourquoi le ciel y est plus clair. Et un ciel plus clair permet de réduire les effets de l’absorption et de la diffusion de la lumière. Par ailleurs, la faible humidité et les courants océaniques froids qui prévalent dans la région limitent la formation de nuages.

L’Atacama est également connu pour ses hautes altitudes. Or, les observations effectuées à des altitudes élevées sont moins affectées par les effets de la turbulence atmosphérique, améliorant ainsi la netteté des images astronomiques. Enfin, l’Atacama est une région peu peuplée et éloignée des zones urbaines, ce qui réduit considérablement la pollution lumineuse causée par les lumières artificielles.

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Crédits : abriendomundo/istock

C’est pourquoi de nombreux observatoires astronomiques y ont été construits, tels que l’Observatoire Paranal, l’Observatoire du Cerro Tololo et le réseau ALMA. Plusieurs grands télescope feront aussi leurs débuts au cours de ces prochaines années, dont le Télescope géant européen, futur « monstre » de l’astronomie, qui devrait pouvoir capter sa première lumière dès le début de l’année 2025. C’est également le cas de l’observatoire Vera C. Rubin, qui devrait démarrer ses activités l’année prochaine.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.