Pourquoi Mars est l’endroit idéal pour rechercher la vie extraterrestre

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Crédits : NASA / JPL-Caltech / ASU

Sur notre planète, les restes des premières formes de vie ont quasiment entièrement disparu. Mais sur Mars, froide et sèche, ils pourraient être ensevelis juste « sous nos pieds ».

Il y a un peu plus d’un mois, Perseverance se posait avec succès sur Mars. Depuis, les équipes se sont attelées à vérifier les instruments du rover. Les chercheurs se préparent désormais pour sa prochaine grande étape de la mission : faire voler Ingenuity. Une fois ce vol clôturé, Perseverance plongera sérieusement dans son travail scientifique visant à rechercher des traces de vie passée. Et si la NASA s’est concentrée sur Mars pour tenter de répondre à cette question existentielle : « sommes-nous seuls dans l’Univers ? », c’est qu’il y a de bonnes raisons.

Deux anciennes jumelles

Au début de l’histoire du système solaire, la Terre et Mars étaient remarquablement similaires. Il y a quatre milliards et demi d’années, les deux planètes ont bouillonné de magma avant de se refroidir en croûtes rocheuses, remplies d’eau et d’activités géologiques.

Alors que sur Terre la chimie cédait la place à la biologie, Mars était un environnement tout aussi convivial. De l’eau liquide parcourait en effet sa surface, protégée par un champ magnétique généré par le noyau de la planète. D’un autre côté, les volcans martiens projetaient des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, enrobant ainsi la planète d’une belle couverture de chaleur.

Aujourd’hui, Mars affiche un visage complètement différent, à la fois très froid et très sec. Pourtant, ce désert inhospitalier apparaît comme l’endroit idéal pour découvrir des traces de vie, selon le Dr Sarah Johnson, de l’Université de Georgetown, qui a travaillé dans les équipes de rover Opportunity, Spirit et Curiosity de la NASA.

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Photo prise par Perseverance le 21 mars 2021 (Sol 29). Crédits : NASA/JPL-Caltech

Mars en Antarctique

Retour en 2017. Sarah Johnson rejoint avec son équipe la station McMurdo, en Antarctique, installée sur les flancs du mont Boreas. Vous le retrouverez dans l’Olympus Range, une chaîne de montagnes balayée par le vent et majoritairement libre de glace. En lieu et place : du limon, du sable et quelques roches. Son sommet est l’un des endroits les plus semblables à Mars de notre planète.

Alors que l’équipe traverse cette étendue désolée, le Dr Johnson remarque alors une zone où le sol semble plus léger. «Là, sous une couche immaculée de cendres, se trouvaient les restes préservés d’un autre monde. Il y a 14 millions d’années, avant que l’Antarctique ne se transforme en friche polaire – il y avait eu un lac. Pendant des milliers d’années, il occupait l’endroit où je me tenais, juste sous la semelle de mes bottes», écrit-elle.

Sarah Johnson enfile alors une combinaison et des gants stériles pour prélever quelques échantillons ressemblant étrangement à des « touffes de cheveux humains ». De retour au laboratoire de la station McMurdo, elle ouvre un petit tube stérile pour y glisser ces reliques du passé, prenant soin d’isoler au passage l’un de ces brins de matière pour le placer dans une boîte de Pétri vide.

Et là…. surprise ! «Lorsque j’ai ajouté une goutte d’eau, l’échantillon a rapidement commencé à se réhydrater. Quasiment toutes les plantes et tous les animaux peuplant autrefois les terres intérieures de l’Antarctique ont disparu, mais là, dans la paume de ma main, je pouvais voir les minuscules feuilles d’anciennes bryophytes».

Fascinée, Sarah Johnson passe ensuite l’échantillon au microscope. «La profondeur et le détail étaient extraordinaires, accentuant la beauté de ces organismes qui avaient vécu leur vie sur un continent immensément différent».

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Photo prise par Perseverance le 21 mars 2021 (Sol 29). Crédits : NASA/JPL-Caltech

Si la vie existe sur Mars, elle peut-être juste « sous nos pieds »

Nulle part ailleurs sur Terre ces échantillons n’auraient été aussi merveilleusement préservés qu’ils l’étaient en Antarctique, enfermés dans un gel sec et profond. Dans un environnement tropical ou tempéré, les liaisons carbone auraient cédé rapidement. Tout comme la chaleur et l’eau peuvent autoriser la vie à s’épanouir, ces deux facteurs peuvent également favoriser sa décomposition et sa désintégration.

Cette expérience nous ramène donc à cet endroit froid, sec et immuable qu’est le cratère Jezero. Naturellement, il est peu probable que Perseverance tombe sur une forme de vie aussi complexe qu’une bryophyte, mais peut-être pourra-t-il isoler les traces d’un ancien écosystème microbien.

Sur Terre, ces restes de vie auraient été ensevelis depuis longtemps à cause de la tectonique des plaques, mais la planète rouge en est dépourvue. Si la vie s’est un jour épanouie ici, et qu’elle a laissé des traces, alors celles-ci sont peut-être juste sous ses roues.