Pourquoi voit-on de plus en plus de goélands en ville ?

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Crédits : Aki / Wikimedia Commons

Dans les villes françaises parfois plutôt éloignées du littoral, les populations de goélands ont tendance à augmenter. Si leur cri très atypique nous fait rapidement penser à l’océan et ses vagues, la présence de cet oiseau en ville n’est pas vraiment une bonne nouvelle. 

L’exode des goélands

Les goélands sont des oiseaux marins de la famille des laridés, dont la plus commune des espèces est le goéland argenté (Larus argentatus), très présent sur les côtes françaises. Seulement, voilà, ces oiseaux habitent les villes et villages depuis pratiquement une quarantaine d’années, et pas exclusivement près du littoral. Et depuis leur apparition, leur nombre augmente inexorablement en milieu urbain. Comme l’explique BBC Future, cette augmentation des effectifs de goélands est étroitement liée aux activités humaines en bord de mer, celles-ci perturbant sans cesse leurs sites de nidification. Citons également la pêche industrielle, un véritable fléau pour ces oiseaux, car cela met à mal leur source de nourriture.

Dans les espaces urbains français, leur nombre a tendance à augmenter, mais subit paradoxalement un déclin à l’échelon national, toujours en raison des activités humaines. Par ailleurs, il s’agit d’un phénomène mondial, car de nombreuses villes observent l’installation d’une quantité toujours plus importante de goélands. Citons par exemple Cardiff (Pays de Galles), Tallinn (Estonie), Amsterdam (Pays-Bas), St-Paul (Minnesota, États-Unis) ou encore Minsk (Biélorussie).

Alors que les humains perturbent les goélands dans leur habitat naturel, ces oiseaux sont ainsi tentés de gagner les villes pour une raison évidente : s’installer et de trouver de quoi se nourrir y est très facile. Les toits plats et autres cheminées sont une aubaine pour ces oiseaux, leur offrant un endroit pour faire leur nid à l’abri de leurs principaux prédateurs, à savoir les rats et autres renards. Une fois sur place, dénicher de la nourriture est un jeu d’enfant, soit dans les décharges, soit dans les poubelles des restaurants.

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Crédits : PxFuel

Une astuce pour profiter des meilleurs déchets

Les animaux sauvages n’ont pas tous la possibilité de venir vivre aussi près de l’être humain. Il faut dire que les goélands ont une impressionnante capacité à s’adapter à un nouvel environnement.

De plus, il s’agit d’oiseaux particulièrement intelligents, comme en témoigne une étude publiée en novembre 2020 par l’Université de Bristol (Royaume-Uni). La spécialiste en écologie comportementale Anouk Spelt a équipé plusieurs goélands de GPS dans le but d’analyser leurs mouvements au quotidien. Selon les résultats, les volatiles pointent tous les jours à la pause déjeuner d’une école ainsi qu’à l’heure du goûter. Les scientifiques ont également observé le même type de comportement au niveau d’un point de collecte de déchets, encore une fois à l’heure idéale. Ce timing parfait permet ainsi aux goélands d’être les premiers à profiter de déchets encore comestibles.

Les experts estiment que la capacité d’adaptation de ces oiseaux à l’activité humaine dans les villes se compare à leur manière de s’adapter aux marées et aux changements de saison qui impactent là aussi la quantité de nourriture dans l’océan. De plus, cette faculté adaptative pourrait s’expliquer par leur longévité. En effet, les goélands peuvent vivre plusieurs décennies et accumuler de l’expérience, et ce peu importe l’environnement dans lequel ils évoluent au quotidien.

Une cohabitation souvent problématique

Si la présence des goélands en ville peut, à première vue, sembler anodine ou même pittoresque, elle engendre toutefois plusieurs problématiques. Leur cri puissant, répété à toute heure du jour (et parfois de la nuit), est une source de nuisances sonores pour les habitants. Par ailleurs, leur comportement opportuniste les conduit parfois à attaquer des passants pour s’emparer de nourriture, ce qui peut devenir particulièrement problématique dans les zones touristiques ou les marchés de plein air. Enfin, leurs déjections acides endommagent les bâtiments, les voitures et les infrastructures urbaines, représentant un coût non négligeable pour les collectivités. La cohabitation avec ces oiseaux marins, bien qu’imposée par leur adaptation, reste donc un défi pour les villes concernées.